Intéressant ce Médecin de campagne qui traite avec réalité la désertification du corps de santé dans la campagne française rurale. Cluzet médecin généraliste qui a passé sa carrière auprès de vieilles familles, connaît tout le monde. Les secrets de familles. Ayant fait l'oscultation d'un bourg entier, il y connaît non seulement les habitants, les raccourcis boueux pour se rendre voir tel patient. Il a noué avec toutes ces familles un lien particulier et n'a pas conçu d'avoir une autre vie et une autre famille que la peuplade dont il s'occupe tous les jours et dont il gère l'angoisse (angoisse de la maladie, peur de mourir…) et y assume même la dignité sociale. Comment ce docteur pourra t-il assumer d'être remplacé ne serait-ce que pour un temps par une autre médecin que lui, étrangère et formatée dans les hôpitaux publics des grandes villes ? Sujet important d'un homme refusant de trancher sur sa propre vie et de livrer lui même ses problèmes à des campagnards souvent miserables dont il n'a cessé de prendre soin.
Le film ne manque pas de livrer un compte rendu d'une France provinciale confronté à la mondialisation voire dépression du système de santé.
On pourra juste regretter que la chaleur ne soit pas suffisamment forte tel que l'on l'espère, un certain manque de rythme et malgré une interprétation parfaite François Cluzet y est un peu trop Cluzet.
Humain sans aucun doute mais trop souvent proche du téléfilm alors que la réalisation monotone et automnale nous fait passer à côté du film solide, de la comédie douce amère que l'on attendait et que l'on regrette.
Et si la désertification médicale de nos campagnes est le point d'orgue de ce film, les sentiments intimes n'en sont pas pour autant absents. Et là intervient Marianne Denicourt, talentueuse actrice, qui venant seconder Cluzet tombé malade à son tour (mais chut…) va faire naître une histoire d'amour forte qui va peut-être, et on peut le regretter par instants, empiéter sur le sujet initial . Mais nous avons peut-être besoin de ça pour décrocher un peu des turpitudes de ce médecin parcourant inlassablement des kilomètres de chemins montants, sablonneux et mal-aisés pour quelques fois se retrouver devant des malades qui n'en sont pas. On nous rappelle au passage que la population rurale peut être aussi et souvent rustre et hostile et sans pitié pour celui qui se doit "d'être là", hiver comme été, de jour comme de nuit ! N'est-il pas celui qui sait ? Et ici, il n'est pas question de salauds d'pauvres… Ils sont les maîtres ! Il faut aller vers "eux" alors qu'à la ville bruyante, on les attend. Il en va de même pour les curés de campagne et ceux de la métropole. Et de là à penser qu'un toubib de campagne à l'âme d'un curé, Cluzet semble ne pas hésiter…
Un film qui sent le vrai ! Très touchant à bien des égards, même si un peu caricatural, c'est quand même une belle réussite que l'on doit à la force d'investigation de Cluzet et à la connaissance profonde du sujet servi par un réalisateur issu de ce qu'il raconte. Il a su très intelligemment mélanger un côté quasi-documentaire et une fiction de très bonne facture. L'ensemble donne une œuvre simple, explicite sur les aléas de notre société mal construite dans certains domaines (et celui de la médecine bat des records !) en nous offrant quand même une belle histoire d'amour. Pas un chef-d’œuvre. Juste l'histoire d'un sacerdoce royal dans un monde sur une corde raide. Bien vu, bien senti. Loin d'être un conte de fée mais une belle saison dans la vie d'un homme qui ne s'appartient plus…Page générée en 0.0035 s. - 6 requêtes effectuées
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