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Temps et espace


De vincentp, le 19 janvier 2014 à 17:59
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Oeuvre revue ce matin sur grand écran à l'Arlequin, à l'occasion du ciné-club du toujours aussi pédagogue Claude-Jean Philippe, s'adressant à une large audience composée de retraités et d'actifs. Les fleurs d'équinoxe, dont il est question dans le titre de l'oeuvre, posées dans un vase de la pièce principale, sont de toute évidence un élément métaphorique représentant les trois jeunes filles en voie de se marier. La première se marie en introduction de l'histoire, le mariage difficile de la seconde nourrit l'intrigue, et le mariage programmé de la troisième amène sa conclusion.

La musique, comme chacun des éléments du film, est très élaborée, porte les émotions des personnages, mais aussi celles des spectateurs. Ozu gère à la perfection le spectateur, en lui présentant des conflits d'idées tout en lui laissant le soin de porter un jugement sur les actes ou idées des personnages. Tout est millimétré, on imagine une préparation du film peut-être d'une année, mais le résultat est naturel et fluide, et les deux heures de l'oeuvre, d'une forte densité d'images, de sons, de dialogues et d'idées, passent rapidement et sans ennui.



Des figures emblématiques populaires (balayeurs, serveurs,…) produisent des jugements simples et permettent d'accrocher un large public. Des plans fixes sophistiqués gèrent des placements ultra-précis et des déplacements latéraux ou dans le sens de la profondeur, créant des tableaux animés définis par des lignes verticales et horizontales, et des points de transition ou de rupture amenés par des figures en V. Fleurs d'équinoxe nécessite simplement une attention relativement soutenue du spectateur, et il est sans doute important d'être reposé pour l'apprécier à sa juste valeur…

De l'humour et des non-dits font progresser le récit : voir comment la japonaise âgée se rend aux toilettes de ses hôtes, et comment le chef d'entreprise la congédie poliment. Les plans situés en extérieurs (séquences ou simples images) et les sons venant du dehors (cabotage, machines) orientent et guident le spectateur. L'histoire, limpide et élaborée, drôle et grave, est déroulée de façon très terre à terre, tout en abordant des concepts existentiels : une oeuvre cinématographique parfaite, source de divertissement et de réflexion, on l'imagine, pour l'éternité…



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De vincentp, le 8 janvier 2014 à 22:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Vu sur grand écran à trois reprises : en 2005, en 2009, et ce soir. Une copie numérique restaurée nous était présentée au cinéma Le nouveau Latina par l'éditeur-distributeur Carlotta, avant une ressortie en salles fin janvier 2014. Je revois mes avis précédents à la hausse, concernant la qualité artistique de cette oeuvre : Fleurs d'équinoxe se situe plutôt dans le domaine du "chef d'oeuvre absolu", et parmi -disons- les 100 ou 200 meilleurs films de l'histoire du cinéma. Admirable Shin Saburi, l"engourdi" de Le goût du riz au thé vert, comme le reste de la distribution.

Le scénario (Kôgo Noda, Ozu) et la mise en scène de Ozu sont sublimes. Comme John Ford (The searchers, The quiet man,…) Ozu bâtit son oeuvre par paquets de séquences qui se terminent par des crescendos émotionnels (portés par la musique, exceptionnellement bien employée). Une montée d'émotion croissante au fur et à mesure que l'intrigue avance, ai-je ressenti. Oeuvre portant sur les relations humaines et sociales, mais le cinéaste japonais intègre cette thématique dans le cadre plus général du temps et de l'espace (par les choix de narration, les dialogues et les plans).


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