Et évoquant Gallipoli, il est un autre film d'origine Australienne qui nous conte les mêmes épisodes et, en plus, qui a utilisé Jack Hawkins dans son interprêtation très spécifique de Lord Allemby (voir Lawrence d'Arabie)… car ces évènements se déroulent à la même époque et montrent d'autres personnages, moins glorieux, certes, mais tout aussi intéressants.
Amicalement.
En tant qu'australien, Peter Weir ne peut que se sentir concerné par cette déroute doublement symbolique. Symbole de la cruauté de la guerre avec cette idée qui court durant tout son film : rien, absolument rien ne peut préparer un être humain normal à la guerre. Pendant tout le film, on assiste à la préparation d'abord politique à la guerre (les deux australiens sont convaincus de la nécessité d'aller se battre contre les allemands et leurs comparses), ensuite psychologique, puis militaire (avec des entrainements loufoques), mais arrivé devant le feu ennemi, nos héros se trouvent dépourvus. Ils ne sont pas les seuls d'ailleurs à l'être. Les officiers le sont également, les systèmes de communication ne sont pas au point et la guerre de tranchées virent à la boucherie et à l'incohérence total. A cet égard, Gallipoli est sans doute un des films non pas de guerre, mais un des films sur la guerre les plus réussis, les plus intelligents jamais fait.
Le second symbole est politique. Le parcours de ses deux héros qui traversent l'Australie pour aller s'engager dans une guerre contre un ennemi qui se trouve (presque) à l'autre bout de la terre met en évidence bien sûr l'absurdité de la guerre. Une scène résume parfaitement ce décalage. Nos deux héros se retrouvent au milieu du désert et rencontre un voyageur, ils expliquent la raison de leur périple et le voyageur découvre avec surprise que son pays est en guerre. Il se souvient même avoir rencontrer un allemand un jour, et qu'il était vraiment très gentil… Mais cette distance permet également au réalisateur d'interroger sur le lien colonial entre l'Australie et l'Angleterre, les deux n'ayant pas forcément les mêmes intérêts! Tout ce voyage à parcourir servira finalement à mesurer la distance qui sépare l'Angleterre et ces colonies.Heureusement, Peter Weir n'est pas un cinéaste à thèse. Il n'est pas là pour donner de grandes leçons. Ses "thèses" constituent que l'arrière plan d'une histoire de personnages, de deux amis qui partagent la même passion pour la course, la même puissante envie de vivre et qui seront brisés en mille morceaux. Son film est d'autant plus terrible que cette amitié est forte et crédible. Cette réussite doit en grande partie à Mel Gibson qui trouve là un de ses plus beaux rôles. La qualité de la mise en scène de Peter Weir avec notamment une utilisation très efficace de la musique (le fameux adagio de Albinoni notamment) fait le reste.
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