Aller jusqu'aux U.S.A. pour se procurer Le jour et la nuit ? Le comble du snobisme… C'est un peu comme se procurer une version director's cut de Mon curé chez les nudistes en Turquie, avec sous-titres coréens. Non, je crois qu'il vaut mieux attendre une vraie édition made in France, avec making of et interview de BHV. On comprendrait peut-être enfin la nécessité d'avoir tourné ce truc.

Alexandre est écrivain mais il n'écrit plus. Boxeur à ses heures, amateur de femmes, de montgolfières et de légendes indiennes, il vit reclus, au Mexique, dans une hacienda délabrée. Laure, une actrice qui rêve d'incarner à l'écran l'héroïne de son tout premier roman, débarque chez lui un beau matin. Autour d'eux : un producteur de comédie, un secrétaire pervers, une épouse qu'Alexandre a aimée, l'amant de cette épouse, un potentat local qui le distrait de sa mélancolie, la mystérieuse Sonia, qui le connaît depuis toujours et semble détenir le secret de son existence, et puis la terre mexicaine, ses volcans, la révolte qui gronde…

Pour réaliser "Le jour et la nuit", Bernard-Henry Lévy, grand philosophe français de la fin du 20ème siècle… à ne pas confondre avec le BHV même si certains méchants critiques parlent de "philosophie de bazar" à son égard !) a réuni une distribution prestigieuse : Alain Delon, Lauren Bacall… mais aussi Arielle Dombasle, sa propre épouse, ainsi que… Karl Zéro ! Et choisi un cadre naturel de rêve (images tournées au Mexique), le tout donnant à l'arrivée un monumental ratage, cinématographique et commercial !

A (re)-découvrir d'urgence, bien que ce film ne soit pas facile à dénicher. Même les navets (et celui-ci en est un magnifique !) peuvent être érigés au rang de film-culte bien que personne ne puisse se vanter de l'avoir regardé sous peine de ridicule. Donc, une fois en possession du précieux boitier, savourez-le en toute intimité (voire tout seul…) après avoir soigneusement tiré les rideaux de votre séjour.

Certains se souviendront peut-être de la mini-tempête médiatique en 1997 – eh oui, bientôt 10 ans ! – lors de la sortie du film en salles (où il n'est guère resté plus de deux semaines après un bouche-à-oreille désastreux…) car le réalisateur, craignant à juste titre les critiques, n'avait pas organisé de projection en avant-première pour la presse ! Une réserve toutefois : au vu des importants moyens financiers dont a disposé le philosophe-cinéaste, on peut se demander combien de films à moindre budget auraient pû être tournés avec des réalisateurs moins connus mais plus talentueux…

Si le film a bel et bien été édité en DVD, ce fut apparemment en petite série… Il semble donc épuisé. Un tuyau cependant pour ceux qui y tiennent vraiment : cet obscur objet du désir est disponible chez plusieurs vendeurs en ligne aux Etats-Unis (prendre en compte, en plus du prix, des frais d'expédition un peu élevés mais c'est en dollars… et vérifiez que vous possédez un lecteur multi-zones. Certaines version ont aussi le code "0", donc lisibles par tous les appareils de lecture).