Quel choc ! Ce film est un bijou d'originalité et de tragédie (quasi grecque). Et pourtant, c'est une pépite oubliée d'un réalisateur méconnu, Frank Perry. Burt Lancaster (55 ans) est au top et fait une prestation parfaite, toute en finesse et en ambivalence. Ce film est d'une visibilité parfaite au premier degrés (le parcours du héros de piscine en piscine) mais que de symboles et d'allégories pour le spectateur en quète de sens. Indispensable.

Un authentique "film d'auteur", denrée rarissime à Hollywood, qui suit le parcours irrél d'un homme, rentrant chez lui en nageant de piscine en piscine et réalise en chemin, à quel point sa vie est foutue. Poétique, angoissant, parfois cruel, "The Swimmer" peut avoir plusieurs interprétations, dont une à la Shyamalan avant la lettre : Neddy Merrill est peut-être déjà mort et son périple n'est qu'un voyage en enfer, lui faisant ouvrir les yeux sur la mascarade qu'a été son existence. S'il a énormément vieilli au niveau des effets (très sixties, limite ridicules) et des ralentis lyriques, le film laisse une sensation de malaise persistant, tout comme Lancaster étonnant physiquement, avec ce corps d'athlète couturé de cicatrices et ce visage lifté, ni vieux, ni jeune, idéal pour ce rôle. A noter que Sydney Pollack est venu retourner certaines séquences après coup (dont celle avec Janice Rule), ce qui explique le côté bancal du produit. Néanmoins un sujet qui laisse à réfléchir. Pour une fois, ça vaudrait le coup de tourner un remake.