Je me souviens avoir vu ce film sur la troisième chaîne de télévision en 1988. J'étais alors un tout jeune élève de cours préparatoire et j'avais été terrifié par ce film vieux de trente ans… J'ai longtemps gardé un souvenir terrifié du voile noir qui recouvrait la tête du savant défiguré par une expérience tragique ou du cri terrible poussé par son épouse..

Bizarrement, je n'ai eu un magnétoscope que très tadivement, peu de temps avant l'achat de mon premier lecteur dvd. Je n'ai jamais eu le câble. J'ai donc dû attendre pour revoir La mouche noire une diffusion sur Arte en 2003.

Evidemment, je ne peux pas dire que j'ai tremblé mais le film reste étonnamment pessimiste et dénué de la moindre once de "happy end". Les effets spéciaux ont forcément pris de la bouteille mais ils sont peu présents: comme le souligne un Jacques Lourcelles, la force du film est dans l'ellipse. Et des idées restent formidables comme ce plan de la femme du savant vu à travail l'oeil de la mouche qu'est devenue son scientifique de mari. Dommage du coup que l'on voit la tête de mouche, aujourd'hui risible durant quelques instants. Mais la célèbre séquence finale (une mouche à tête d'homme) est plus insolite que ridicule..

La déception était surtout de voir le génial Vincent Price réduit à un deuxième rôle, derrière les méconnus Al hedison, dévoré trente ans plus tard par un requin dans Permis de tuer, et Patricia Owens.

Ainsi, il s'agit d'un bon film de science-fiction, à une époque lointaine où ce genre était un peu le tiers-monde du cinéma.. Le scénario, typique d'une époque marqué par la peur de la science en général et du nucléaire est aussi farfelu que fascinant.

Et puis je ne saurais terminer cette chronique sans remarquer que ce film a fait l'objet d'un remake, La mouche de David Cronenberg, rare exemple de remake aussi bon si ce n'est supérieur à l'original.