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Dans ses limites, une réussite originale


De Arca1943, le 31 octobre 2010 à 01:15
Note du film : 4/6

Alors qu'il en a réalisé des tonnes, j'ai vu peu de films de Pupi Avati. En fait, je m'étais endormi devant mon premier Avati : Bix, un biopic du jazzman Leon "Bix" Beiderbecke vu au Festival des films du monde voilà un bail (mais bon, ce jour-là j'avais probablement cinq ou six autres films dans le corps…). Récemment, Un Cœur ailleurs m'avait intéressé, sans m'emballer. Il y a cependant un film d'Avati qui figure depuis longtemps sur ma liste TO GET : Le strelle nel fosso. Parce que je me suis fait dire par nombre d'amis-experts italiens : «Si tu dois voir un seul Avati, c'est celui-là.» Eh ben, je l'ai toujours pas vu. Faut dire que (et… REFRAIN !) c'est pas toujours facile de mettre la main sur certains films.

En tout cas une chose est sûre, c'est que j'ignorais complètement que Pupi Avati était aussi un concurrent des Mario Bava et autre Dario Argento. Et un concurrent sérieux avec ça, aux moins pour cette Maison aux fenêtres qui rient (1976), un film d'angoisse très réussi… dans les limites du genre.

Quelles limites ? Eh bien, il faut vivre avec certains stéréotypes : personnages peu développés, récit taillé à la hache et même par moments puéril (mais néanmoins fascinant), une allure générale de série B. C'est un film à petit budget. Certaines choses sont convenues, ce sont des ingrédients obligés. Il faut savoir accepter le vieux coup des portes qui grincent… pour recevoir en échange le coup des escargots (je n'en dirai pas plus). Là où ça devient intéressant, c'est que malgré les poncifs, se fait jour un imaginaire original quand même. Car on a beaucoup soigné la peinture.

La peinture, voilà le centre vital de ce film d'angoisse. Dans un village perdu d'Italie centrale (chef lieu : Ferrare, un coin où il y a parfois du brouillard), arrive un jeune restaurateur d'art (Lino Capolicchio, protagoniste du Jardin des Finzi-Contini) qui doit remettre en état et aussi parachever une fresque laissée en plan par un peintre disparu vingt ans plus tôt. Pour se mettre dans l'esprit de l'oeuvre à compléter, il entreprend d'en apprendre plus sur le peintre en question, et c'est là que ses ennuis commencent. Le disparu (dont on n'a bien entendu jamais retrouvé le corps), adorait peindre les gens à l'agonie, dans leurs derniers instants. Ah, c'est gai.

Les villageois sont bizarres, c'est un nain en complet veston blanc qui accueille le héros à son arrivée, l'institutrice du village en est en même temps la prostituée, des coups de téléphone anonymes pressent le jeune peintre de ne pas toucher à la fresque, et voici que fait surface un très, très étrange enregistrement sur un vieux magnéto… et puis il y a, bien sûr, cette maison dont les fenêtres rient.

Malgré quelques scènes vraiment horribles, ce n'est pas un film d'horreur mais bien d'angoisse, et ça fonctionne. Alors que plusieurs Argento et Bava dont on m'avait promis mer et monde m'ont laissé plutôt froid (notamment Suspiria pour l'un et Opération peur pour l'autre), là je dois dire que j'ai marché. L'ange du bizarre s'est de toute évidence invité sur ce film. Ce que raconte le peintre sur l'enregistrement fait froid dans le dos, c'est vraiment réussi dans le genre dément. Les intérieurs sont fort bien choisis, les éclairages et la musique hagards font aujourd'hui encore leur petit effet, la visite au grenier fait écarquiller les yeux. Et jusqu'à la dernière image, s'immisceront des éléments surprenants, déstabilisants…

Ajoutons enfin que La Maison aux fenêtres qui rient existe bel et bien en DVD Zone 2 France. Mais cette existence est problématique : car si le DVD a été produit, il n'a jamais été distribué, pour cause de faillite de la compagnie. Et pourtant, voilà qu'on en trouve quelques exemplaires, ici et là. Mais alors, demandera-t-on, c'est un DVD fantôme ? Eh oui : c'est un DVD… fantôme. (Musique sépulcrale)


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