D'après ce que j'ai lu, Douglas Sirk avait un peu tordu le nez lorsqu'on lui a proposé de réaliser le remake d'un film de John Stahl du même titre, tourné en 1935 sur la base d'un roman lacrymal de Lloyd C. Douglas ; il n'était pas alors le spécialiste incontesté des mélodrames étasuniens. Sans doute le succès rencontré avec Le secret magnifique lui a-t-il montré la voie : voilà du bon cinéma cousu de scénarios assez ridicules.
Car, Doux Jésus !, comme c'est bête cette histoire de la rencontre entre un médiocre et déplaisant play-boy Bob Merrick (Rock Hudson) et Helen Philips (Jane Wyman) veuve (finalement assez vite consolée) d'un grand médecin qui appliquait à la lettre la parole de l'Écriture de donner sans réserve sans jamais en faire ostentation, en conservant même le secret sur sa générosité. D'autant que pour de mesquines raisons, le play-boy est incriminé d'avoir indirectement causé la mort du médecin en étant sauvé d'un accident d'hydroscaphe par le défibrillateur que le docteur Philips conservait pour lui-même. On voit le niveau. Bingo ! La veuve Philips, d'emblée désirée par le play-boy, est percutée, en le fuyant, par une voiture. Morte ? Non blessée seulement ! Mais aveugle inopérable, malgré le concours, le talent des grands praticiens grassement payés par le play-boy. Et ça se terminera bien, évidemment.On m'a suivi, dans ce récit, très abrégé au demeurant ? On a eu bien du mérite ! C'est beaucoup plus simple et clair lorsqu'on voit le film et c'est précisément cela l'ennui : on sait à la première image ce que la dernière image va donner. Sauf si l'on a passé sa vie à lire les histoires édifiantes des Veillées des chaumières et autres magazines édifiants et à frémir à chaque rebondissement, on ricane à chaque séquence, à chaque avancée vers la glorieuse conclusion. C'est du cinéma pour ceux qui, en peinture, apprécient Auguste Renoir : du décoratif.
Il n'y a aucune volonté de démystification, mais l'envie de mettre un minuscule bémol – tout à fait inoffensif – à l'admiration dévote que les admirateurs de Sirk, portent à leur idole. L'adulation ne devrait pas occulter un minimum de lucidité.
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