Revu en blu-ray -édition restaurée-, par le plus grand des hasards près de dix ans jour pour jour après sa découverte en dvd. Hsiao-Hsien est un grand maître de l'intime, et nous propose une oeuvre de très belle qualité de 135 minutes sur le cycle de la vie, autobiographique. Les plans sont superbes, la gestion des facteurs temps et espace du récit frise la perfection. Et toujours un thème central du cinéaste : la prise de conscience d'un individu, que l'on ne peut se cantonner à une vie exclusivement rurale sans culture.

L'accomplissement d'un individu passe par l'instruction et la culture, l'acceptation -dans une certaine mesure- aussi des lois imposées par la société citadine. On apprend au cours d'une séquence que Hsiao-Hsien a reçu une éducation chrétienne à Taïwan. Il me semble au final que l'oeuvre précédente du cinéaste, Les garçons de Feng-Kweï, est très légèrement plus réussi que ce présent Un temps pour vivre, un temps pour mourir, mais ce n'est peut-être qu'une impression. Dans tous les cas, un cinéma d'auteur particulièrement réussi, qui passe parfaitement aujourd'hui, alors que trente-trois ans se sont déjà écoulés depuis sa réalisation.

L'adolescence de Hou Hsiao Hsien relatée dans un récit largement autobiographique, poignant. Le cinéaste filme la vie ordinaire, celle d'une famille pauvre de Taïwan, marquée par des événements simples et universels : la rebellion des adolescents, les épreuves scolaires, le décès des parents,…

La magie de ce cinéaste opère une nouvelle fois par le biais d'un style sobre reposant sur des plans fixes soigneusement dosés. Le plan dure juste le temps nécessaire pour que le spectateur ait tout perçu, puis s'efface sur un nouveau plan. Une image d'un arbre agité par le vent, ou de la rue balayée par la pluie crée une ambiance. Puis des plans intérieurs caractérisent le cadre de vie des personnages. Puis divers angles de vue montrent les actions, et les sentiments évolutifs des personnages. Tout ceci participe à la création d'un langage cinématographique simple, efficace, qui contribue à rendre ce récit de 135 minutes intéressant, poignant, et universel.