C'est un film intéressant et bien fait, proposant dès 1937, un aperçu crédible et réaliste de l'envers du décor des studios hollywoodiens. Certaines séquences inspireront de toute évidence des films ultérieurs comme La roulotte du plaisir de Minnelli, ou bien d'autres films portant sur Hollywood, ces derniers reprenant et développant les thèmes abordés dans ce long-métrage. La mise en scène de Wellman est soignée et appliquée, avec un beau travail sur la couleur. L'interprétation de Janet Gaynor est de qualité. Petit bout de femme de 1,52 m, qui respire à l'écran la gentillesse, elle fit carrière dans le muet (elle interprète en particulier la femme trompée de L'aurore), confirma ses dispositions de comédienne avec le parlant, mais disparut de la scène deux ans seulement après avoir tourné Une étoile est née. Sans doute, n'avait-elle pas suffisament les dents longues pour faire une grande et longue carrière, et elle préféra se marier avec un accessoiriste et se retirer des écrans de façon prématurée, mettant de façon quelque peu ironique son destin personnel en phase avec celui du personnage qu'elle interprète dans Une étoile est née.

Trois versions ont vu le jour sur cette même histoire. La première est celle-ci, la seconde date de 1954, réalisée par George Cukor avec Judy Garland et James Mason et constitue sans doute le meilleur film des trois et la dernière est un hommage à Barbra Streisand réalisé en 1976.

La raison du succès de cette histoire revient sans doute au fait que le récit développe une double "vision du monde", l'une profondément pessimiste (l'histoire du couple qui se détruit) et l'autre profondément romantique (le mythe de Cendrillon à la conquête d'Hollywood). Cette particularité permet toute une variation possible des teintes allant du très noir (le Cukor) au très romantique…

Cette première version est passionnante parce qu'elle ose proposer une vision très dure et, sans doute très juste également, d'Hollywood comme on ne l'avait jamais vu jusqu'alors. On y voit l'alcoolisme comme dérivatif à une tension nerveuse très forte, le regard et le jugement de la presse, les productions qui se montent sur les stars, la fête et les paillettes.

Bien évidemment, le film étant hollywoodien, le récit va surtout s'arrêter sur le côté positif de l'histoire en s'axant finalement sur l'histoire de la réussite de la jeune comédienne.

Sans être aussi réussie que le film de George Cukor qui a su privilégier à raison l'histoire de couple à la romance de Cendrillon, cette première version mérite toutefois un regard curieux. Certes Janet Gaynor n'est pas très convaincante en comédienne resplendissante dont le talent est évident, mais Frederic March est lui épatant, réussissant à donner à son personnage un nombre de facettes étonnant.

Reste la mise en scène de William A. Wellman. On ne peut pas dire qu'il soit vraiment à l'aise dans cette histoire. On l'a connu plus performant, notamment dans la réalisation de westerns.