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Le téléfilm-testament de Mario Bava

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De verdun, le 21 février 2021 à 18:08
Note du film : 4/6

Si Les démons de la nuit, sorti dans les salles transalpines en août 1977, est le dernier film pour le cinéma de Mario Bava, la toute dernière réalisation du maestro -cosignée par son fils Lamberto- est cette commande pour la televison italienne, tournée en 1978.

La Vénus d'Ille constitue une adaptation de la nouvelle éponyme de Prosper Mérimée. L'histoire se passe au XIXe siècle dans le Sud-ouest de la France. Une statue de bronze est déterrée par hasard. La beauté de cette idole fascine tous ceux qui l'approchent mais elle semble en même temps habitée par une force diabolique. Un jeune marié va l'apprendre à ses dépens…

Voilà déjà posé le principal mérite de ce téléfilm: proposer une adaptation très fidèle d'un classique reconnu de la littérature fantastique qui, malgré sa renommée, n'a que très peu intéressé le grand et le petit écran contrairement à Carmen du même auteur. Car le téléfilm de Bava père et fils est très respectueux de Mérimée. Par ailleurs, les rares changements apportés au texte d'origine sont des plus judicieux: le narrateur devient un personnage de chair et d'os sous les traits de Marc Porel, la ressemblance entre la statue et la jeune mariée est ici davantage mise en évidence que chez Mérimee, et le dénouement est plus concis que celui de la nouvelle.

Cette fidélité au texte est la première qualité de ce téléfilm mais elle constitue peut-être aussi son principal défaut. L'ensemble est en effet un petit peu trop sage pour du Bava. Il faut dire que la nouvelle originale ne contient que peu de péripéties. La durée de 60 minutes est finalement presque trop longue pour traiter d'une histoire aussi brève. Les éléments horrifiques sont eux aussi rares, hormis l'avant-dernière séquence qui est très bien réglée et permet de retrouver les éclairages "baviens" des années 1960.

D'une manière générale les Bava livrent un travail soigné et parfois inspiré, comme en témoigne la séquence susvisée et quelques beaux mouvements de caméra. Au lieu de montrer la Venus en mouvement, les deux cinéastes ont préféré suggérer les déplacements de la statue par le biais de la caméra subjective. Ce parti-pris judicieux, digne des productions de Val Lewton, est plus efficace et harmonieux que ne l'aurait été le recours à des effets spéciaux susceptibles de se démoder très vite. L'ensemble est servi par une bonne interprétation d'ensemble: on retrouve ainsi, dans un rôle moins important que dans Shock, la muse de Dario Argento Daria Nicolodi. Quelques rares fautes de goût sont à signaler comme la coiffure très "seventies" du jeune marié Fausto Di Bella.

En somme, le dyptique constitué par Les démons de la nuit et La Vénus d'Ille témoigne de la très honorable fin de carrière du maître du fantastique italien. Quelques copies de La Vénus d'Ille traînent sur la toile mais il serait bien de restaurer en Haute Définition ce téléfilm ainsi que tous les Bava qui n'ont pas eu droit à cet honneur afin d'apprécier au mieux le travail de ce cinéaste au sens visuel hors du commun.


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