De sang-froid est effectivement un film ultra-réussi. Très prenant. J'ai été captivé du début à la fin, tout au long des 2 heures 10 de sa durée. Sans doute la preuve que l'ensemble mise en scène – photographie – scénario et interprétation fonctionne à merveille ! La photo de Conrad L. Hall en noir et blanc me fait penser à celle d'une photographe britannique (Vanessa Winship) actuellement exposée à la fondation Cartier-Bresson à Paris : cette personne a passé une année à sillonner les Etats-Unis profonds. Même utilisation de la profondeur de champ, même représentation des décors urbains miteux et des sans-grades.

Un aspect original et très réussi : la multiplication des points de vue sur un sujet criminel (celui des criminels, et de leur entourage familial, celui de la police et de la justice). Ce film milite globalement pour un meilleur suivi psychiatrique des délinquants, décrit comme plus efficace que la peine de mort. La mise en scène de Richard Brooks, adaptant à merveille le récit de Truman Capote (représentation littéraire d'un fait divers authentique) est tout simplement superbe. A noter que les décors du film seraient authentiques : la maison serait celle ou la paisible famille de fermiers a été assassinée en 1959. La musique de Quincy Jones, parfaitement intégrée au récit, est un autre point fort du film.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Truman_Capote

Ce film n'a que très, très peu vieilli. Il aurait même tendance à mon avis à se bonifier avec le temps. Le sujet reste hélas d'actualité. Ce film est à voir absolument. A part de toutes petites exagérations (l'émotion du père du criminel par exemple), De sang-froid frise la perfection.

Un grand film, qui évoque l'inexorable dérive meurtrière de deux inadaptés sociaux. Filmé dans un somptueux noir et blanc, magnifiquement interprété par Scott Wilson et Robert Blake (dévoré de pulsions contradictoires, émouvant dans ses coups de folie de jeune chien fou)), le film fait l'effet d'une douche-très-froide. Brooks, loin de son didactisme un peu "plan-plan", se place en retrait, observant de façon "scientifique" la conjonction de plusieurs facteurs (frustration, absence d'idéal,enfance malheureuse) aboutissant à une violence froide, dépassionnée.

Notons à ce propos que la séquence des meurtres, littéralement traumatisante, n'a rien perdu de son impact 40 ans après sa réalisation… Enfin, que dire de la séquence finale, sinon qu'elle vaut tous les réquisitoires contre la peine de mort?( un peu comme l'exécution de John Hurt dans l'Etrangleur de Rillington Place" de Fleischer).

A mon avis certains films précédents de Brooks étaient inattaquables par leur louables intentions (dénonciation de la violence scolaire dans "Graine de violence", de l'embrigadement des recrues dans "Sergent la terreur") mais ces films étaient handicapés par leur didactisme un peu "scolaire", la volonté de faire acte d'humanisme.

Or, dans "De sang-froid" (tourné juste après le somptueux "Les professionnels"), Brooks ne DÉMONTRE rien, il se contente de MONTRER, donnant à voir une jeunesse sans idéal qui tue comme elle respire…

Au final un chef d'œuvre, qui a bien mérité un 6/6 !!