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Un bijou en toc dans un écrin sublime


De Impétueux, le 20 avril 2020 à 15:18
Note du film : 2/6

Supposons que vous ayez passé deux des plus délicieuses années de votre jeunesse dans un des plus lumineux cadres du monde et en compagnie de camarades artistes beaux et intelligents. Est-ce que, pour tourner votre premier film, vous ne souhaiteriez pas retrouver la parenthèse enchantée qui vous a tant marquée ? C'est-à-dire placer, autour d'une histoire que vous dramatiserez un peu, des physionomies, des caractères, des anecdotes que vous puiserez dans vos souvenirs. Et de ce fait, assurée d'un décor exceptionnel qui vous permettra, entre deux séquences du récit, de réaliser de très belles images et d'un substrat suffisant de petits bouts d'aventures, vous pourrez mettre en scène un film assez original et très joli.

L'Académie de France à Rome fondée en 1666 par Colbert a vocation de permettre à de jeunes artistes résidents de développer pendant un ou deux ans leurs projets. Depuis 1803, Napoléon l'a installée sur la colline du Pincio, à deux pas de la Trinité des Monts et de la place d'Espagne, dans un merveilleux palais construit au milieu du XVIème siècle, la Villa Médicis. Dût la chose m'attirer beaucoup de jalousies – d'ailleurs très justifiées – je dois dire que j'y ai passé en famille quelques jours, dans une de ces chambres incroyables qui, immenses et dotées de plafonds ornementés de 5 mètres de haut, donnent sur la Ville Éternelle une vision à couper le souffle.

Je suis donc plus à même que beaucoup de comprendre pourquoi Caroline Deruas a voulu consacrer un film au séjour des pensionnaires de la Villa. Elle avait donc pour elle la beauté des lieux et, puisant dans le rassemblement de jeunes gens amenés à se côtoyer pendant une longue période, de solides bases scénaristique. Après tout c'est sur un fondement analogue que Cédric Klapisch a réussi l'assez agréable Auberge espagnole, consacrée à des étudiants Érasmus à Barcelone : on met dans la marmite ou dans la bouilloire quelques jeunes gens très différents et bien typés, on introduit une pincée de sexualité et de jalousies concomitantes, on touille la mixture et hop ! voilà le travail.

Seulement, pourquoi faire simple et plaisant quand on peut faire compliqué et profond ? Donc on choisit deux personnages féminins principaux, de tempéraments opposés mais qui vont sympathiser. Une rebelle, photographe, Axelle (Jenna Thiam) et une paisible, romancière, Camille (Clotilde Hesme), qui est venue avec son mari, Marc (Tchéky Karyo), écrivain reconnu, sensiblement plus âgé que sa femme. Autour d'eux gravitent les autres pensionnaires, Pierre (Pascal Rénéric), lui aussi en famille, Virgil (Virgil Vernier), musicien, Tosca (Lolita Chammah), peintre, Julie (Caroline Libert), musicienne, etc. On voit là qu'il y a de la matière.

Sans doute beaucoup trop ; parce que pour nouer les fils de nombreuses intrigues qu'on présuppose il faut avoir un peu de talent – et Caroline Deruas semble n'en pas manquer – mais surtout une grande expérience, parce qu'il est bien difficile de mener de front tout ce monde. Ce qui fait qu'on ne voit pas du tout l'intérêt d'avoir associé au tournage tant de monde, si ce n'est pour le plaisir d'emmener tourner à Rome dans un endroit merveilleux, une bande de copains. Comme on ne sait pas trop comment se débarrasser des données initiales et de ce qu'elle requièrent, on tortille le récit, on y introduit un onirisme absolument ridicule où interviennent l'impératrice Messaline (Lena Garrel) et le cardinal de Medicis (Filippo Timi). Ça finit dans une vertueuse dénonciation politique où l'on s'indigne que la Villa ait été priée par son autorité de tutelle, le ministère de la Culture, de s'autofinancer un peu davantage…

Mais bon ! Pour découvrir un peu mieux un des trésors de notre vieille Civilisation…


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