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Critique


De dumbledore, le 28 juillet 2003 à 10:50
Note du film : 4/6

Le film étonne d'abord par un mélange entre deux styles. On a d'abord un certain réalisme, proche du documentaire, avec toutes les scènes "officielles", avec une caméra très proche des personnages, surtout filmés de profil sur fond neutre ou bien encore la description de la ville. Cela concerne aussi bien les réunions des politiques que celles des villageois face au projet. Ensuite, on a une mise en scène très esthétique, usant cette fois de l'inverse, à savoir des plans larges de groupes en actions, comme une machine qui avance et que rien n'arrêtera. C'est aussi bien le ballet des voitures, au tout début du film, qui s'arrête sur le futur lieu de l'usine, ou bien la destruction de la forêt et la construction de l'usine.

Ces deux styles ont un sens, comme il se doit. Ils sont même le thème du film. Entre le réalisme cru et dur des relations humaines, forcément individualistes, et l'idéologie du groupe, le "plan" du parti et du pays, un homme doit se débattre pour satisfaire les uns et les autres. A travers son parcours, c'est toute la complexité de la situation dans laquelle il se trouve qui est exposée. Bednarz est un type bien. Son physique, son attache à la ville ou bien encore son dynamisme sont louables. Les auteurs n'ont voulu l'affubler d'aucune marque d'appartenance au Parti.

Ce n'est pas un apparatchik. C'est un homme de bonne volonté. Ses difficultés, voire ses échecs, le rendent encore plus touchant, mais surtout rendent le monde dans lequel il évolue encore plus cruel et attristant. Le caractère terrible de son parcours met en évidence une réalité terrible : quand la haine ou tout simplement la souffrance, est trop grande, deux ennemis peuvent, par force de crainte ou de haine, se rejoindre. En l'occurence, la sphère politique intégriste de la dictature communiste et les pauvres villageois qui voient les agissements de cette classe politique d'un mauvais oeil. Voilà finalement la découverte que fait Bednarz, une cruelle découverte, à la fin du film. Il est viré. Il part. Mais quel va être son successeur ? Nul doute qu'il sera un homme avec moins de scrupules et plus de dureté pour les employés. Cruelle morale : on ne peut lutter que contre les tièdes, jamais contre les vrais intégristes…

En 90 minutes, Kieslowski réussit à analyser le fonctionnement de l'organisation communiste. D'un côté, un peuple qui lutte pour garder les choses telles qu'elles sont encore, de peur que le changement apporte le pire. De l'autre, une hiérarchie accrochée à des "paroles d'évangile" du Parti qui n'a plus aucune prise sur la réalité. Le résultat donne une analyse passionnante, dépassée aujourd'hui, mais passionnante pour quiconque a envie de se tourner un peu vers le passé.


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