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Une oeuvre indispensable de Satyajit Ray


De vincentp, le 4 décembre 2016 à 23:11
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Une oeuvre revue ce soir sur grand écran, en copie numérique restaurée, huit mois après l'avoir découverte sous format dvd. Sur grand écran, dans des conditions parfaites, c'est mieux ! Le héros réalisé en 1966 par Satyajit Ray est une oeuvre de maturité pour le cinéaste, un peu plus de dix ans après le début de sa carrière. Influence de la "modernité", du cinéma italien des années 1960 (Fellini -8 1/2-, Antonioni,…). Des personnages de milieux sociaux et professionnels différents, emblématiques de la société bengalie des années 1960, se croisent, se confrontent dans un huit clos, un train en mouvement à travers le Bengale. L'écriture cinématographique est très sophistiquée, utilisant flash-backs, représentations oniriques ou réelles, images de type psychanalyse. Il est question de la construction d'une oeuvre cinématographique, du rôle des acteurs dans la société, et plus globalement… de la conscience de soi et des autres. La conscience est ce qui caractérise l'espèce humaine, explique un personnage du récit. Des situations simples et concrètes, des dialogues issus de la vie de tous les jours, placent cette histoire à portée de spectateur relativement lambda.

Des faits anodins, des rencontres fruits du hasard ou programmées, un contexte social et politique, des addictifs (alcool) agissent sur la conscience. L'éducation, le sens moral, portés par Aditi (fabuleuse Sharmila Tagore), mais aussi… sa beauté et son charme, remettent le héros du cinéma populaire du récit sur le droit chemin, lui faisant redécouvrir des valeurs d'entraide et de respect mutuel. L'action complémentaire de l'homme et de la femme représentent le yin et le yang de l'univers de Satyajit Ray. Sharmila Tagore est filmée de plus en plus près, sans ses lunettes, au moment ou elle agit sur la conscience de Uttam Kumar et perce sa carapace. Les personnages secondaires (actrices et acteurs en devenir ou confirmés, agents publicitaires, employés du chemin de fer) apportent de fines nuances aux idées directrices. Sur la durée de deux heures, les personnages deviennent de chair et de sang, s'inscrivent dans notre imaginaire, agissent sur notre conscience de spectateur. La forme et le fond de Le héros sont sublimes. Cette oeuvre de toute beauté, située dans le top 10 des plus belles réussites de Satyajit Ray, se situe haut aujourd'hui dans la hiérarchie des films d'auteur.


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De vincentp, le 7 avril 2016 à 20:23
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Satyajit Ray est surtout connu et réputé pour ses films réalisés en début de carrière de Pather Panchali (1955) à Charulata (1964) avec comme point d'orgue Le salon de musique (1958). Les rééditions récentes des films ultérieurs du cinéaste montrent tout l'intérêt de la partie suivante de son oeuvre, marquée à l'écran par un engagement politique fort, une description du mode de fonctionnement de la société hindoue, et l'esquisse de solutions possibles pour vivre en société. Le héros (1966) met en scène un personnage principal peu inspiré dans ses choix, engagé dans une course matérialiste un peu vaine, le menant au bord du précipice. Ray souligne en filigrane les limites de la société hindoue traditionnelle (marquée par une pauvreté galopante, un système de soins défaillant) et ne milite pas en faveur du conservatisme.

Pour Ray, la vie idéale en société doit être marquée par un engagement individuel, par la recherche d'un compromis collectif, par une concorde entre les couches de la société, par la mise en oeuvre d'attitudes de complémentarité entre les hommes et les femmes. Ce vaste sujet, à portée universelle, est traité de façon sobre, mais émouvante. Aditi (Sharmila Tagore) habillée de façon hindoue ou à l'occidentale, par sa pureté et sa beauté, modifie dans un sens favorable la vision du monde du personnage masculin. Celui-ci (Uttam Kumar) est également renversé sur son piédestal de vedette par une jeune fille qui souhaite faire du cinéma… L'écriture cinématographique de Le héros est celle de la modernité mais croisée avec les figures récurrentes et sublimes du cinéaste (des échanges de regards muets par exemple).


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