4,8/6. Charge vigoureuse contre le sénateur McCarthy, que l'on peut prendre au sérieux, ou au contraire avec amusement. Via ce récit, les scénaristes rossent vigoureusement le fameux sénateur, que l'on voit ici raconter n'importe quoi, sous les traits d'un cow-boy, pour des motifs presque puérils, avec des rictus de fou furieux, et attirant le foule à lui, pour un lynchage en public d'une cible innocente. J'ai beaucoup ri ! Impressionnant Dan Duryea, mal rasé, avançant à moitié courbé, aussi sérieux que dément, vers l'homme innocent…

La mise en scène est de qualité : ainsi ses longs travellings suivant John Payne pourchassé par la meute… Ou ce gros plan sur son visage en sueur et terrifié. On ressent physiquement ce que fut la chasse aux sorcières.

Mais on retrouve aussi les idées et le style étonnant de Allan Dwan, déjà entrevus dans Deux rouquines dans la bagarre : rapports homme femme teintés de sensualité, mais aussi âpres et conflictuels. Les femmes mènent les hommes, un peu bêta, par le bout du nez. Utilisation de couleurs vives pour caractériser les personnages féminins. Un mélange de relatif académisme, entrecoupé de moments qui ne le sont pas du tout. Mais la suite du coffret Dwan que j'ai acheté aujourd'hui permettra d'en découvrir plus de facettes…

Droudrou, adepte du colonel Buck Danny, aura noté que quatre étranges cavaliers a influencé… Jean-Michel Charlier pour Blueberry (ainsi le geste du doigt et la phrase accusatrice à tort "il a nommé son assassin" que l'on retrouve dans l'album Angel Face).

Le 19 novembre prochain, sort un coffret de sept dvd réalisés par Allan Dwan, 50 euros, chez Carlottta. Belle idée, car les films réalisés par ce cinéaste étaient devenus pour la plupart invisibles, y compris en salles.

http://www.carlottafilms.com/php/fiche_dvd.php?rubrique=1&ss_rubrique=100&id_film=340

«Quatre Étranges Cavaliers»

C'est vraiment dommage, je dirais même scandaleux, que cette authentique perle du cinéma western ne soit pas encore éditée en zone 2 et en langue française : son et sous-tîtres. Allan Dwan (si méprisé par les historiens du 7ème Art et par les critiques) aurait mérité cet hommage posthume avec l'édition en DVD de son oeuvre, si longue, si riche et si variée. Si cet héritage pouvait être soumis à l'appréciation des jeunes cinéphiles, je suis certain qu'ils aimeraient ce cinéaste dont la filmo a largement dépassé les 100 tîtres. Il est, donc, urgent d'éditer «Quatre Étranges Cavaliers», mais aussi «Frontier Marshall», «Montana Belle», «Tornade», «La Reine de la Prairie» et «Le Mariage Est Pour Demain». Et ceci pour ne citer que quelques uns des westerns réalisés par ce maître peu connu.