Ce film inédit en France n'est pas un chef d'œuvre. L'histoire est conventionnelle, le message de propagande est unilatéral et la mise en scène manque de force et d'originalité.

Ce caractère "moyen" de la facture du film est par dessus le marché plombé par des acteurs étonnamment mauvais. Que ce soit Dick Powell qui en fait trop et qui joue les " beaux", ou bien les seconds rôles (notamment le chef de la résistance qu'on voit au début du film), personne n'est à l'aise, tous engoncés dans des clichés et du surjeu.

Seul le personnage de Gerard est intéressant de par son jusqu'au-boutisme que l'on ressent notamment dans sa mobilité pour trouver la piste du meurtrier de sa femme (il part à Paris, ensuite à Marseille, ensuite en Suisse, ensuite en Allemagne, ensuite à Buenos Aires…). Son jusqu'au-boutisme va aller jusqu'à commettre un assassinat sauvage qui n'est pas très courant dans un film de ce genre!… Le scénariste se créé d'ailleurs une porte de sortie pour justificier cette violence : Gerard est un blessé de guerre qui, énervé, perd conscience. Il tue donc Jarnac " sans s'en rendre compte ". Cette "sécurité" que s'offre le scénariste est un peu moins courageux pour le personnage féminin et l'histoire d'amour qui constitue l'histoire secondaire du film. Impossible en effet de croire qu'elle puisse (parce qu'elle est héroïne) épouser un nazi. Du coup, on met en place l'histoire comme quoi elle a épousé Jarnac parce que 1°) elle ne le connaît pas, 2°) c'était juste un ami de son père. 3°) elle l'a épousé pour tenter de sauver sa sœur malade…

Face à une situation similaire, Hitchcock dans Soupçons osait aller plus loin pour son personnage féminin!