On peut ajouter que Bigelow et son équipe adoptent le parti-pris d'une mise en scène sèche, sans émotions fabriquées -inutiles-. Les rapports politiques au sein de l'agence de renseignement sont remarquablement évoquées et sonnent authentiques. Par contre, des vérités connues (la façon dont la cible a été identifiée) ne sont pas explicitées. Beaucoup de nuances, pour évoquer les personnages. On ne s'intéresse que peu à leurs relations extra-professionnelles ce qui est un autre parti-pris original et intéressant. La dernière demi-heure (prise d'assaut de la forteresse est une grande réussite cinématographique). Et les acteurs sont tous excellents. Au final, un excellent film contemporain, qui délivre un point de vue certes subjectif…

Une grosse production américaine vraiment bien foutue. Le film s'étend sur 2h30, et si le démarrage est un peu lent et pénible (les scènes de torture s'enchaînent à n'en plus finir), très rapidement le sujet s'impose et met en haleine le spectateur : scotché devant ma télé, je me suis laissé prendre par cette traque de Ben Laden. L'assaut de la forteresse d'Abbottabab est d'une qualité cinématographique remarquable et fait monter la pression à un niveau rarement atteint. Du grand spectacle!

Le film est réalisé par Kathryn Bigelow (récompensée de 6 oscars. pour son 1er film Démineur) qui décidément s'intéresse beaucoup aux histoires de terrorisme et aux méchants islamistes.

Je ne m'attarderai pas sur la polémique qui a accompagné la sortie du film : le film accréditerait l'idée selon laquelle la torture a permis de retrouver Ben Laden. Juste et alors ? N'est-ce pas la triste vérité ? Kathryn Bigelow ne prétend pas prendre position dans ce débat, elle se contente de montrer et de divertir le spectateur. Et elle le fait bien alors restons en là.

Une scène forte du film est d'ailleurs celle où 2 agents de la CIA, à la manœuvre dans la direction des opérations de torture, regardent brièvement une allocution du président Obama qui affirme avec la plus grande force de conviction que les États-Unis d'Amérique n'ont jamais eu et n'auront jamais recours à la torture. Décalage saisissant qui, sur le coup, m'a laissé une impression glaçante.

Allez un bon 5/6.