The king of New York est un superbe polar funèbre et tragique. Ferrara filme des hommes qui se prennent pour des dieux et dont la décadence est inéluctable. L'art de Ferrara est de créer un personnage principal opaque, ambigü, magnifiquement interprété par un Christopher Walken au visage indéchiffrable.
Ferrara rend tangible un monde extrême, fiévreux, parcouru de brusque accès de violence, de tension sexuelle, de flirt avec la mort. Il n'y a plus de bien ni de mal, simplement des hommes englués dans leurs obsessions. Frank White se croit investi d'une mission, faire le bien, tout en étant un criminel. Les trois flics qui le traquent sont obsédés par l'idée de le voir sous les verrous et foncent aveuglément vers leur but, au mépris de leur propre survie.
Ferrara arrive à créer une atmosphère hallucinée, quasiment irréelle. Sa caméra virtuose ne se contente pas de filmer le visage de Christopher Walken, elle le caresse, elle l'effleure, tentant de déceler une émotion, un sentiment.
Walken est extraordinaire, il exprime l'indicible avec une économie de moyens remarquable. Rarement on aura aussi bien filmé un univers nocturne, interlope, rarement on aura assisté à une telle alchimie entre un comédien et son réalisateur.
Le film est à rapprocher d'une autre oeuvre de Ferrara, "Nos funérailles", drame familial déchirant, tragédie bouleversante. Il est dommage que Ferrara se soit égaré par la suite, sans doute poussé par ses pulsions autodestrucrices, car avec ces deux films, il s'impose comme un cinéaste majeur, un véritable créateur.
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