5,4. Still the Water (2014) réalisé par Naomi Kawase, présenté en compétition à Cannes en 2014, fait partie des oeuvres emblématiques du cinéma japonais contemporain, du moins fait partie de celles qui ont bénéficié d'un écho international à sa sortie, et qui se sont imposées avec le temps comme des oeuvres cinématographiques notables. Existentialisme, chamanisme, propos écologique, relations familiales et sociales, le propos de Still The Water est ambitieux et vaste. Kawase étire le récit sur 1h50, faisant la part belle à des aspects complémentatifs et méditatifs, autour de péripéties de vie du personnage féminin de Kyoko (Junko Abe). Les images de Yutaka Yamazaki, tournées principalement sur l'ile japonaise tropicale et boisée à 95% de Amani (située au nord de Okinawa) -et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO- sont magnifiques, certaines sans doute inoubliables, glorifiant la nature, au sein de laquelle les habitant vivent à l'unisson.

Le scénario écrit par Naomi Kawase, très élaboré, faisant référence à son propre vécu (née en 1969, elle a été abandonnée à sa naissance par ses parents et fut élevée par une grande-tante), explore des facettes de notre société contemporaine qui dépassent le simple cadre japonais. Le rythme du récit est lent, Kawase prend son temps, cet aspect pourra déplaire à des spectateurs habitués à un rythme frénétique. Il faudra sans doute pour apprécier pleinement les qualités de Still The Water être dans de bonnes dispositions… L'écriture cinématographique, à défaut d'être sublime, est de très bonne voire d'excellente qualité (interprétation, musique, composition des plans, sont des points forts). De l'émotion, de la finesse, Still the Water apporte une touche d'originalité et d'authenticité au cinéma contemporain, et est à connaître pour des spectateurs creusant les différents versants du cinéma d'auteur, dont Kawase est une des références actuelles.

Cannes 2014, Kawase (en blanc) avec les acteurs du film :