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Méfiez-vous des contrefaçons !


De verdun, le 27 septembre 2020 à 22:39
Note du film : 2/6

Toulon, l'Opéra. La troupe qui se prépare à monter "La Malédiction de Belphégor" est victime d'une voix (et d'une musique) qui annonce des crimes : ceux-ci se succèdent rapidement. Une journaliste (Noëlle Noblecourt) est enlevée. Le directeur de l'opéra (Maurice Chevit) est tué, et l'auteur des crimes enlève le nouveau directeur. Et le fiancé de la journaliste (Maurice Sarfati) serait brûlé vif si l'inspecteur Legris (Raymond Souplex) n'intervenait…

Le feuilleton Belphégor a tenu en haleine la France entière en 1965. En parfait opportuniste, le réalisateur et producteur Georges Combret décide de surfer sur le succès de la mini-série de Claude Barma en utilisant à son tour le personnage imaginé par le romancier Arthur Bernède en 1927. Il en résulte un film, sorti sur les écrans français en novembre 1967: La malédiction de Belphégor.

Editée récemment par l'éditeur L.C.J, cette malédiction n'a pas marqué les esprits au contraire de son modèle télévisuel. Et disons-le tout de suite, ce n'est que justice car il ne s'agit qu'une petite série Z sympathique mais peu convaincante.

En premier lieu, le scénario n'est guère excitant. Difficile d'adhérer à la situation de départ: Belphégor cherche à éliminer les participants d'un spectacle qui le tourne en dérision. Chatouilleux le garçon, surtout qu'il va être davantage ridiculisé par le film de Combret que par la représentation de l'opéra de Toulon !

En outre, il ne reste rien du personnage imaginé par Arthur bernède et popularisé par Claude Barma hormis le nom. Même l'aspect physique de Belphégor n'a pas de rapport avec celui du feuilleton: il est ici affublé d'un justaucorps noir et d'un masque doré grimaçant similaire à l'affiche reproduite ci-contre.

Il ne reste rien non plus de l'intrigue du roman et du feuilleton. Alors que le spectateur est venu voir Belphégor, c'est visiblement sur la récente trilogie Fantômas que les situations et les caractères sont plagiés: comme dans les trois films réalisés par André Hunebelle, le méchant réfugié dans une base secrète et doté de nombreux gadgets est poursuivi par un flic et un journaliste.

Les auteurs ont essayé d'instaurer une atmosphère angoissante, comme en atteste la musique menaçante et quelques effets assez sanglants pour l'époque, mais le manque de concision de la réalisation et du scénario, bien embrouillé par moments, annihile tout suspens. De toute évidence, le budget est limité comme en atteste le QG de Belphégor, une simple cave équipée de gagdgets plus ou moins plausibles. Et, à l'image du méchant, assez hiératique et affublé d'un look pas piqué des hannetons, certaines situations, notamment les meurtres, s'avèrent plus risibles qu'effrayantes.

Georges Combret a pourtant mis le paquet avec une distribution qui comporte pléthore de noms connus. Nous retrouvons ainsi de bons comédiens qui tirent leur épingle du jeu comme Paul Guers, jeune premier prometteur qui avait commencé en tournant avec Abel Gance ou Julien Duvivier mais s'est peu à peu compromis dans des production de seconde zone comme celle-ci, Raymond Bussières, roi des seconds rôles, Maurice Chevit, futur acteur fétiche de Patrice Leconte et Maurice Sarfati, plus connu comme comédien de doublage.

Hélas la distribution comprend aussi des personnalités issues de la télévision et du monde du spectacle qui ne semblent pas à leur place ici: ainsi, le célèbre homme de cirque Achille Zavatta, ridicule dans un rôle d'homosexuel ultra caricatural, la speakerine Noëlle Noblecourt sans oublier le duo de flics des 5 dernières minutes Raymond Souplex-Jean Daurand, qui donne ici l'impression d'arriver comme un cheveu sur la soupe. Le casting était donc alléchant sur le papier mais trop d'acteurs sont mal dirigés, mal employés, voire inutiles en raison du trop grand nombre de personnages à l'oeuvre. Paul Guers, premier nom à apparaître au générique, n'a en fait qu'un rôle secondaire.

La malédiction de Belphégor est donc une série Z sympathique, car divertissante et bien photographiée, mais anecdotique pour ne pas dire ringarde. Certains moments sont d'une naïveté presque touchante, ainsi la fin ouverte, qui annonce une suite qui n'est jamais venue suite à l'insuccès du film dans les salles. La malédiction de Belphégor est avant tout une sorte de "produit marketing" sans consistance qui essayait d'attirer dans les salles de cinéma les téléspectateurs, alors de plus en plus nombreux. Ironie du sort, le film a rarement été diffusé à la télé hormis quelques passages sur Canal Plus dans l'émission "Cinéma de quartier" et sur les chaînes "cinéma".

Le film de Georges Combret est plus supportable que la version 2001 avec Sophie Marceau mais beaucoup moins réussi que le feuilleton de Claude Barma, ce qui prouve une fois de plus que le fantastique "à la française" s'est davantage épanoui sur le petit que sur le grand écran.

Peu doué pur le cinéma classique, Georges Combret fera fortune durant les années 1970 en devenant un nabab du cinéma X. Un personnage romanesque comme l'atteste un article paru dans Libération il y a quelques années:

https://www.liberation.fr/societe/2004/04/23/haro-sur-le-magot-d-un-nabab-du-porno_477109


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