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Conte d'humour et de fantaisie


De Impétueux, le 24 décembre 2015 à 15:05
Note du film : 4/6

Je partage tout à fait l'avis d'Arca ! On écrirait volontiers de Fantômes à Rome que c'est un film gentil et agréable si les deux adjectifs assemblés ne risquaient pas de confiner le film de Pietrangeli du côté mièvre de la comédie. Alors que ce n'est pas du tout ça : c'est gai, enlevé, spirituel, joliment interprété, le scénario est inventif et intelligent et l'esprit du propos est excellent : de sales corrupteurs enlaidisseurs sont obligés de céder à la coalition bienvenue des occupants traditionnels du palais, fantômes et vivants, maîtres et serviteurs mêlés. Et les corrupteurs sauvages, qui plus est, qui ne connaissent d'autre ressort que les liasses de billets, sont roulés de façon rocambolesque au bénéfice de la protection des monuments historiques et des œuvres d'art, avec, en passant une amusante satire des experts picturaux.

Il n'y a pas de saute de rythme ni de faiblesse, ça virevolte, tourbillonne, c'est plein de goût et de fantaisie. Les acteurs ne se prennent pas au sérieux et se sont d'évidence bien amusés de tourner dans ce conte rose et gris. Si Vittorio Gassman en Caparra, fresquiste méconnu (!!!) est sans doute un soupçon trop démonstratif, Marcello Mastroianni, dans le double rôle du galant Reginaldo, coureur de jolies femmes du 18ème siècle et héritier saisi par le charme du palais (charme au sens magique d'enchantement) est parfait. Comme l'est Eduardo De Filippo, charmant vieil aristocrate dans la dèche, gai et grognon comme il le faut. Et Tino Buazzelli, saint moine trop gourmand.

La pauvre actrice brune Belinda Lee n'a pu assister à la sortie du film : quinze jours auparavant, elle s'était fichue en l'air sur une route de Californie ; elle allait avoir 26 ans. Si cynique que ça puisse paraître, je ne crois pas que cette mort accidentelle ait été une grande perte pour le cinéma (au contraire de celle de Françoise Dorléac). N'empêche que c'était un sacré beau brin de fille. On peut noter que la blonde Sandra Milo, sans doute plus talentueuse, a connu une très brève carrière au cinéma, s'en retirant à 35 ans, en 1968. Mais il faudrait avoir l'esprit bien mal tourné et tortueux pour imaginer que les gentils spectres de Fantômes à Rome aient pu frapper ces belles actrices de la moindre malédiction.

Il y a quelque chose de très civilisé dans les nuances rouges et dorées de la photographie du film, de profondément romain ; on sait que là-bas même la poussière, même les ruines, ont quelque chose d'élégant, de raffiné, de subtil. Enchaînement des siècles et des traditions, continuité de la beauté, toute cette sorte de choses…

Vraiment agréable découverte. Comme celui d'Arca, mon 4 est un 4+…


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De Arca1943, le 16 avril 2014 à 01:15
Note du film : 4/6

Note: 4,5

C'est un beau conte romain, plein d'humour bon enfant et de fantaisie, qui s'adressait de toute évidence – et s'adresse toujours – aux petits comme aux grands. Grosso modo, c'est l'histoire de fantômes romains (certains vieux de plusieurs siècles, d'autres plus récents) qui entreprennent de déjouer une manœuvre immobilière véreuse dans la Rome de 1961, manœuvre visant le palazzo qu'ils hantent. Sandra Milo est une noyée qui se rejette dans le Tibre tous les soirs, ce pourquoi elle éternue de temps en temps. Marcello Mastroianni est un aïeul libertin du maître des lieux, qui passe tout le film à cloche-pied car il a perdu une chaussure lorsqu'un mari trompé l'a occis, dans le temps, quelque part au XVIIIe siècle. L'inconnu mais excellent Tino Buazzelli est un prieur que sa gourmandise a tué. Et ils vont bientôt accueillir un petit nouveau, car…

Il faut dire que si le propriétaire de cette immense demeure patrimoniale (Eduardo De Filippo) est de vieille noblesse romaine, il n'a plus un sou; et c'est son obstination à faire toujours réparer le chauffe-eau plutôt qu'à en acheter un neuf qui le perdra. Boum ! Après quoi notre vieux prince romain aperçoit enfin, à son "réveil" si on peut l'appeler ainsi, les fantômes dont il avait toujours soupçonné la présence dans sa demeure. Mais voilà qu'après son décès, arrive son gandin de fils (Marcello Mastroianni) au bras d'une intrigante, Eileen (Belinda Lee), laquelle veut forcer la vente du palazzo. Nos sympathiques trépassés vont alors quérir l'aide d'un irascible peintre de la Renaissance, contemporain obscur du Caravage, qui hante un ensemble résidentiel non loin de là (ça, c'est Vittorio Gassman!)

Tous les comédiens sont à leur meilleur. Les quelques trucages sont charmants à défaut d'être numériques – par exemple dans les scènes où le Mastroianni vivant côtoie le Mastroianni spectre, mais la plupart du temps, il n'y en a pas: avec une coordination parfaite, vivants et morts se côtoient à l'écran, les uns ne pouvant apercevoir les autres. Il suffit d'utiliser des éclairages particuliers, de maquillages ad hoc, de quelques transparences et le tour est joué.

Vous dire que c'est bien fait serait en dessous de la vérité: à l'évidence, le fameux Pietrangeli était un homme de goût et d'esprit et l'ensemble révèle une plaisante maîtrise des moyens cinématographiques, malgré l'aspect inévitablement théâtral du traitement. Les couleurs de Giuseppe Rotunno sont chatoyantes et la musique de Nino Rota, parfaitement adaptée.

Bref dans son genre, c'est très bon. Je ne me suis pas ennuyé une seconde, et s'il y avait une VF, je le testerais sans crainte sur des enfants (les jeunes enfants se foutent de la technique ou de l'âge des films, ils veulent de la magie).

Cela dit, je suis plein de regrets, pour des raisons qui n'ont rien voir avec le film lui-même. Je me sens juste frustré que le seul film d'Antonio Pietrangeli enfin disponible en France sur DVD, bien qu'excellent, soit si atypique de son œuvre.

Outre le drame social Adua et ses compagnes (avec Simone Signoret et Emmanuelle Riva), ce pourquoi Pietrangeli est connu, ce qui a fait sa légende, ce sont ses très amères et mélancoliques comédies à l'italienne centrées sur des personnages féminins, tournées en glorieux noir et blanc, dans la première moitié des années soixante. Dans ce genre aussi puissant qu'inégal, il faut savoir faire le tri. Ce qui donne trois films: La fille de Parme avec Catherine Spaak et Nino Manfredi (1963), Annonces matrimoniales (1964 ) avec Sandra Milo et François Périer et bien sûr son chef-d’œuvre Je la connaissais bien (1965), avec une extraordinaire Stefania Sandrelli entourée de toute une brochette d'interprètes masculins (Brialy, Manfredi, Tognazzi, Nero…) Ce dernier film, je l'ai ici sur un DVD en italien seulement, et j'ai été renversé par ce que j'ai vu.

Voilà, je me disais que tant qu'à avoir un seul Pietrangeli sur DVD français, j'aurais bien aimé que ce soit un de ces trois-là. Ou les trois, bien sûr, dans un magnifique coffret !


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