Un Buster Keaton mineur, mais l'entrainement sur le ring de boxe est irrésistiblement drôle.

Ce film présente l'étonnant paradoxe d'avoir été un des grands succès de Buster Keaton à l'époque et être aujourd'hui un des films les plus méconnus du grand maître comique.

L'histoire est celle d'un jeune aristocrate fortuné, déprimé bien évidemment, atone plus exactement, incapable de faire quoi que ce soit par lui-même. Même quand il doit dépose la cendre de sa cigarette dans le cendrier, c'est son fidèle serviteur qui s'en charge. Son père en ayant ras-le-bol (déjà cette vision avant l'heure d'un "adulescents" qui peuplent nos foyers?), il l'oblige à partir vivre à la rude, dans la nature à faire du camping (sic!). Il y tente la chasse, la pêche et ne prend comme gibier qu'une sauvageonne dont il tombe amoureux. Seulement pour conquérir sa main, il se retrouve contraint à mentir au frère et au père de celle-ci, des véritables géants qui ne peuvent accepter de voir la jeune femme partir qu'aux bras d'un homme viril. Buster se fait alors passer pour "Battling Butler", un homonyme champion de boxe. Le voilà contraint bientôt de remplacer le champion sur le ring.

Quelques passages sont du pur Buster Keaton, du Buster Keatonde haut vol pourrait-on dire. Au début notamment, on retrouve une partie de pêche (ou de chasse, difficile à dire) qui est hilarante. On retrouve ensuite une sorte de poursuite de voiture, parfaitement réglée, comme le sait si bien le faire Keaton. Tout fonce dans un chaos terrible et pourtant le miracle est là : aucun accident.

Le final sort également du lot, le film terminant ainsi avec un Keaton sur le ring, figure assez répandue (chez Chaplin notamment) du pauvre bougre nullement préparé et contraint d'affronter une brute épaisse. L'agilité et l'humour finissent alors par triompher. Seulement, ce qu'ose faire Keaton, c'est de montrer (dans le combat qui précède le sien, la violence de la boxe : nez en sang, ring taché de sang, etc…). Cette violence, presque cette cruauté, se retrouvera dans la dernière scène du film. Il est rare de voir au milieu d'un film de pure comédie que la peur et la douleur s'y dessinent avec des traits aussi réalistes.

Le reste est plus convenu et l'on sent combien la narration met du temps à aller droit à l'essentiel, c'est-à-dire de passer d'une scène comique à l'autre, gérant avec difficulté les malentendus et les "rattrapages" que ceux-ci obligent.

Du coup, si le film possède des moments savoureux, il est quelque fois un peu laborieux.