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Mythe moderne


De DelaNuit, le 14 février 2017 à 17:06
Note du film : 5/6

Jacqueline Bouvier épouse Kennedy était d’origine française. C’est aussi le cas de Natalie Portman… Est-ce un hasard ? L’actrice se révèle en tout cas parfaite de justesse et de sensibilité, mélange de force et de faiblesse dans ce film qui ne cherche pas à jouer la carte du pathos ou du sentiment facile. Ni même à nous rendre le personnage sympathique.

D’ailleurs attention, amateurs de « biopics » passez votre chemin ! Jackie n’est pas un récit de la vie de l’ex-première dame des Etats-Unis. Mais plutôt une évocation du moment particulier où son existence bascule : de l’assassinat de JFK à Dallas à l’organisation de ses funérailles, entre spectacle mis en scène et moments d’intimité, de doute, de solitude et de recherche de sens.

Entre réalisme où le moindre costume, le moindre objet est reconstitué à la perfection au point de mélanger les prises de vue récentes avec des images d’archives… et moments décalés presque irréels comme ceux où Natalie Portman traverse d’une démarche somnambulique les salons luxueux et lumineux de la Maison Blanche tel l’astronaute de 2001 l’odyssée de l’espace la coursive centrale de son vaisseau puis les salons froids et élégants d’un ailleurs extra-terrestre. Jacquie aurait-elle quitté le monde des vivants ou des humains pour frôler celui des fantômes… ou accoster aux rivages des dieux ?

Paradoxalement, en se livrant aux médias par une savant contre de son image (tout ce qui lui reste ?), Jackie conserve son mystère et se mue définitivement en icône qui prend sa place dans l’Histoire et dans notre culture. La question n’est plus de savoir si la vie, la mort, le mariage, la maternité, la fidélité, les choix personnels ou politiques ont un sens en eux même puisque le sens est ce que nous donnons à nos actes, à nos vies, par ce que nous en montrons, l’image que nous en créons, tels des démiurges.

Les personnages de fiction auraient-ils alors plus de réalité que ceux de chair et de sang que nous côtoyons ? Tel est le questionnement surprenant de ce film et de la femme sphinx qui le traverse en nous illuminant de sa froide aura, tout en conservant son mystère.

Et dans une mise en abîme inattendue, par le biais d’une comédie musicale kitsch dont son époux et elle se plaisaient à écouter les chansons (Camelot), Jackie convoque le souvenir d’un autre temps, d’un autre règne idéal et trop court : celui du roi Arthur et de la reine Guenièvre, souverains légendaires et magnifiés dont le couple ne fut pas non plus forcément une réussite… mais fit fantasmer l’humanité pendant des siècles. Il a vécu peu de temps le printemps idéal des Chevaliers de la table ronde… mais demeure dans toutes les mémoires. Tel celui de John et Jackie. Le mythe moderne se nourrit du mythe ancien pour le régénérer, en un éternel recommencement qui défie la mort et le temps !


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