Un matin, deux femmes parlent trop bruyamment dans la cour intérieure d'un groupe d'immeubles. Soudain un homme de 47 ans (le modeste Vasily Vasilievitch, un "monsieur tout le monde"), fait irruption, visiblement excédé et fatigué, il frappe les deux femmes. La police arrive pour emporter le criminel ! Puis, dans un long flash-back, Fyodor Khitruk nous raconte la journée ordinaire de cet homme très charmant envers ses concitoyens. C'est durant une seule nuit terrible qu'il va passer du bon citoyen à l'énergumène violent.

Comme toujours chez Fyodor Khitruk, la narration est excessivement claire et directe, et les trouvailles visuelles de mise en scène sont pertinentes. Graphiquement, on trouve ici une texture presque enfantine du papier découpé, avec une harmonie parfaite entre les personnages animés et les décors dessinés. Les couleurs et les différentes épaisseurs de traits participent à cette "fraîcheur" que l'on trouve dans les dessins d'enfants. L'univers est sans perspective, très "deux dimensions". Cette infantilisme du trait permet bien évidemment dramatiquement de renforcer la dureté du propos…

Enfin, à noter le travail de recherche dans l'utilisation du cadre de l'image. Souvent le réalisateur n'utilise qu'une partie de l'image. Il n'hésite pas à recourir aussi à des photos de vues réelles et à des extraits de films traditionnels (notamment quand Vasily essaye de regarder calmement la télé chez lui).

Pour terminer, soulignons qu'il n'y a aucun dialogue parlé au niveau des personnages : on entend soit des cris, des rires, ou bien alors le réalisateur recourt à l'utilisation d'instruments de musique pour remplacer les voix humaines.