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De Gaulhenrix, le 26 janvier 2007 à 14:29
Note du film : 4/6

Eh bien ! le Dvd est paru, que j'ai découvert au hasard d'une location. J'ai donc fait connaissance avec un film – qu'on l'apprécie ou non – qui ne laisse pas indifférent. Les remarques qui suivent évoquent des éléments du récit que certains préfèreront ne pas connaître avant de découvrir le film : les voici avertis…

Il est vrai que cette histoire, filmée à l'aide de longs plans-séquences qui étirent – volontairement – leur tension parfois jusqu'à l'excès, sort de l'ordinaire. Jimmy Finger, campé par un étonnant Harvey Keitel, se débat entre son goût pour la musique développé par sa mère et une vocation de voyou recouvreur de dettes au service de son père. A ce premier écartèlement entre deux univers inconciliables s'ajoute le conflit intérieur qui le rend impuissant à ressentir du plaisir pour la femme rencontrée s'il la respecte. Ce double déchirement fait de sa vie un va-et-vient entre des échecs inévitables. Sa mère – montrée dans toute sa folie castratrice au cours d'une scène éprouvante – le méprise d'échouer lors de son audition ; son père, un bootlegger, lui reproche de ne pas l'aider avec suffisamment d'efficacité à recouvrer ses dettes par l'intimidation et la violence, au point de lui dire qu'il aurait dû l'étrangler à sa naissance. Bref, les parents – terribles – n'existent que pour le malheur de leur progéniture : après lui avoir donné une vie qu'elle n'avait bien sûr pas demandée, les géniteurs imposent leurs valeurs à leurs enfants qui sont sommés d'obéir s'ils ne veulent pas être rejetés. On le voit, le propos, sans nuance, est désespéré.

La vision des femmes et des hommes n'est pas plus réjouissante. Les hommes sont régis par la volonté de puissance, et c'est le plus fort qui a raison dans la mesure où il impose son point de vue par la violence et humilie l'adversaire du moment ; ainsi Jimmy tout au long du film en découd, fût-ce pour des raisons futiles, avec tous ceux qui, par exemple, lui demandent de baisser le volume de la radio qu'il transporte en tous lieux avec lui. Quant aux femmes montrées dans le film, elles ne demandent qu'à être dominées par le plus mâle (un Jim Brown caparaçonné de muscles), prêtes à se soumettre, voire à se prostituer si l'élu de leur cœur – ou de leur corps – le leur demande et vont jusqu'à ne considérer leurs semblables que comme des partenaires de jeux sexuels ou des rivales.

Il en résulte que les deux personnages principaux, Jimmy Finger (Harvey Keitel) et Carol (l'énigmatique et troublante Tisa Farrow), ne sont que fragilité et fêlure. Pour James Toback, les relations humaines se vivent dans le malaise et les êtres humains en souffrent et sont détruits. En rappelant que le titre original du film est Fingers, on notera qu'il résume l'intention du réalisateur par son sens multiple : il évoque, certes, le talent de pianiste de Jimmy, mais il fait aussi allusion au meurtre par étranglement qui scelle son destin brutalement interrompu ; et il peut même signifier la famille des Finger. Un titre dual parfaitement choisi pour définir l'être humain et sa double aspiration vers le bien ou le mal. De même, le titre français, Mélodie pour un tueur, est, pour une fois, tout aussi judicieusement choisi.

Un propos sur le bien et un mal clairement affiché si l'on met en perspective le début et la fin du film. Le film commence en effet sur un fond d'écran noir sur lequel s'égrène une volée de notes de piano, puis la caméra donne à voir une pièce dans laquelle le pianiste, devant son instrument placé à côté d'une fenêtre , possédé par la musique qu'il joue. Il s'achève sur le même cadre ; mais le personnage, cette fois, est au pied de son piano, nu, recroquevillé au ras du sol, comme une bête sauvage traquée, et la caméra au moyen d'un travelling avant très lent achève son mouvement sur le visage en gros plan de Jimmy Finger tourné vers le spectateur, le regard halluciné et chargé de reproches. Cette mise à nu finale est donc censée nous interpeller, nous accuser peut-être…


On reprochera au réalisateur une complaisance certaine dans ce qu'il montre, notamment dans la longue scène de l'échangisme au langage cru. Mais il se peut que son insistance vise à vaincre nos réticences et à nous persuader que l'univers de son film ne fait que retranscrire une réalité que nous refusons de voir telle quelle (Cf. le regard final de Jimmy qui nous fixe dans les yeux) : « Hypocrite spectateur, – mon semblable, – mon frère… »


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De lych666, le 27 mars 2006 à 12:04

Une édition zone 2 pour le film qui a inspiré "De battre mon coeur s'est arrêté" serait la bienvenue.


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