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Tilda Swinton brille dans ce mélodrame d'auteur


De Arca1943, le 24 janvier 2011 à 00:00
Note du film : 4/6

Disons 4,5

C'est un film très concerté, peut-être même un peu trop à mon goût. On pourrait en décrire l'univers, approximativement, comme dans le sillon d'un Visconti ou d'un Bolognini – mais alors tout à fait des années 2000.

Ce n'est pas banal, en tout cas, ce n'est pas anodin. Ce réalisateur est évidemment à suivre. La photographie est très particulière, frisant le noir et blanc dans toute la séquence d'ouverture hivernale, avec tout ce blanc de la neige et les couleurs atténuées, puis devient plus colorée, plus chaude quand Emma (Tilda Swinton) tombe amoureuse et musarde en forêt avec son amant. La musique de John Adams me semble dans le sillon de Steve Reich (par moments ça ressemble à Violin Phase) ou Philip Glass (par moments ça ressemble à The Photographer). Le scénario distille intelligemment l'information sur les personnages et leur contexte. Ainsi il faut un certain temps avant de savoir qu'Emma Recchi est une émigrée Russe : jusque-là on la sentait "étrangère" mais sans pouvoir mettre le doigt dessus.

Les Recchi sont une très riche famille de Milan qui a fait fortune dans le textile et qui se réunit au début du film pour l'anniversaire du patriarche (Gabriele Ferzetti, magnifique), qui a construit l'entreprise par toutes sortes de moyens, notamment celui d'avoir été un profiteur de guerre à la fin de l'ère fasciste. Et le vieux lion annonce qu'il passe les rênes de l'entreprise à son fils Tancredi et son petit-fils Edoardo. Le personnage d'Emma (Tilda Swinton), au centre du drame, est l'épouse de Tancredi et la mère d'Edoardo.

Disons qu'au moins deux axes se développent simultanément: les filatures Recchi qui vont ou ne vont pas à vau-l'eau (Tancredi et son fils se disputent sur l'opportunité de vendre la compagnie à des intérêts américains) et d'autre part, Emma qui va tomber amoureuse d'un cuisinier ami de son fils. Il faut dire que son père était cuisinier, en Russie. Il faut dire aussi qu'elle ne s'appelle même pas Emma : c'est Tancredi qui lui a donné ce nom. En fait, ce qu'on comprend peu à peu – et c'est là que Tilda Swinton se révèle si excellente – c'est à quel point elle s'est effacée pour entrer "dans le moule". Elle y est parvenue, oui… mais au fond, elle n'est jamais elle-même. Elle est devenue quelqu'un d'autre par nécessité. Toutefois, à la suite d'événements petits et grands voilà que son vernis commence à se fendiller… ses sens se réveillent…

Je n'ai pas complètement goûté ce film, dont le rythme délibérément lent et la froideur "auctoriale" (par moments on sent pointer le vieux disque idéologique sur l'aliénation bourgeoise) ne servent pas toujours, selon moi, l'excellent sujet. Mais ne vous fiez pas trop à mon opinion, et essayez-le plutôt !


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