Après Le flic se rebiffe (1974), voici à nouveau un film -de 1961- où Burt Lancaster mène l'enquête face à la jeunesse américaine. Fort heureusement, le résultat est ici nettement plus intéressant.
Le temps du châtiment est pourtant loin d'être une réussite totale. De nombreux éléments donnent une impression de déjà vu. On a déjà vu cette enquête d'un humaniste et sa démonstration lors d'un procès qui parvient à établir que les choses sont moins évidentes qu'il n'y paraissait au premier abord. On a déjà vu cette peinture de la jeunesse américaine violente des années 1950, héritée de Graine de violence qui s'inspire d'ailleurs, comme Le temps du châtiment, d'un roman de Evan Hunter. On a déjà vu cette sanglante guerre des gangs entre immigrés portoricains et italo-américains qui, bien évidemment, fait penser à West Side Story. En outre, l'ensemble apparaît parfois aussi bavard, démonstratif et outrancier que les productions de Stanley Kramer telles que La chaîne. Le temps du châtiment vaut tout de même largement le coup d'oeil en raison notamment de la solidité de l'interprétation. Burt Lancaster fait à nouveau parler son charisme et son sens de la nuance. Mais Shelley Winters et un jeune Telly Savalas, pas encore totalement chauve à l'époque, se font également remarquer. Malgré les aspects conventionnels du scénario, force est de constater que la plupart des thèmes abordés par Evan Hunter tels que la délinquance des mineurs, l'ensauvagement de la société et les ravages du communautarisme sont d'une actualité brûlante. Et pas seulement aux Etats-Unis… Ce sont surtout la belle photo en noir et blanc ainsi que la réalisation de John Frankenheimer qui permettent au film de sortir assez fréquemment des sentiers battus. Le montage heurté, les plans insolites et des procédés typiques du réalisateur comme l'utilisation de focales courtes ou le choix de la caméra porté, bousculent de façon bienvenue le classicisme de l'ensemble. Et ce dès la séquence d'ouverture, assez mémorable.D'ailleurs la qualité de la réalisation n'a pas échappé à Burt Lancaster qui, malgré leur mésentente sur le tournage de Le temps du châtiment, allait par la suite tourner pas moins de quatre autre films sous la direction de Frankenheimer : Le prisonnier d'Alcatraz, Le train, Sept jours en mai et Les parachutistes arrivent.
Le temps du châtiment n'est pas aussi réussi que ces quatre merveilles mais remercions quand même l'éditeur Rimini de l'avoir rendu disponible dans un DVD qui est, pour la petite histoire, le 50 000ème à avoir été répertorié sur DVDTOILE.
C'est vrai que c'est un bon film, un des derniers Frankenheimer à rester inédit. Lancaster y est excellent en procureur et le film marque les débuts de Telly Savalas, dans un rôle de flic new-yorkais (mais plus chevelu que "Kojak").
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