J'avise un film de Carné, avec Gilbert Bécaud, et je ne peut que partager l'avis d'Impétueux. Déjà lors de la sortie du film, j'avais eu l'impression d'un ratage, presqu'un naufrage. Mise en scène fade, musique dégoulinante – Bécaud nous avait habitué à mieux, une fois admis le secteur musical qui était le sien – interprétation approximative de la star elle-même, Gilbert Bécaud, guère mieux de sa partenaire féminine, Françoise Arnoul, sauf erreur… Pour construire une sorte de comédie musicale laborieuse. Ah ! Jérôme Kern, Berlin, Gershwin, Cole Porter Bref un film oubliable. Je l'avais oublié, CQFD. Mais on peut comprendre ceux qui ont conservé un souvenir attendri de cette œuvre mineure qui ouvre – sans trop se forcer – sur la nostalgie des autres films du tandem Carné-Prévert, "Quai de Brumes" en particulier, et pour moi, "Les Enfants du Paradis", que je considère comme le sommet de l'œuvre de Marcel Carné, et l'un des piliers du cinéma français.

Pour les amateurs du "Pays d'où je viens" on peut indiquer, même si cela reste anecdotique, que ce fut la première apparition à l'écran de Claude Brasseur. Même s'il s'est amélioré, il n'est jamais parvenu, quelque sympathique qu'il est (ou fut) à faire oublier son père, Pierre. Il semble que son fils Alexandre ait une personnalité plus charpentée. Mais les téléfilms fadasses dans lesquels il se produit, dont les dialogues soigneusement balisés donnent l'envie d'entendre à nouveau Jeanson ou Audiard, ne sollicitent guère le talent des comédiens. Rendons-lui cette justice.

C'est un excellent nanard, un conte de fées assez gentil conçu pour le physique jugé avantageux de Gilbert Bécaud et pour sa voix toulonnaise…

C'est tout de même réalisé par Marcel Carné ; l'intérêt est, précisément de constater jusqu'où a pu tomber le réalisateur de Quai des brumes et du Jour se lève…