Film de désespérés mais sans désespoir. Il y a d'abord Kastuhiro, expert en simulation de naufrages (tout un programme), homosexuel qui tente de cacher ses préférences sexuelles, et qui rêve d'avoir un enfant. Il y a ensuite son amant, Naoya, spécialiste en toilettage de chiens de bourgeoises qui tente de fonder une relation stable avec lui. Ensuite, il y a Asako, jeune femme paumée, malade et qui a une dernière occasion d'avoir un enfant et qui sait qu'une maternité lui permettrait notamment de changer de vie. Il faut rajouter au tableau principal la mère possessive et écrasante de Naoya et Nagata, une jeune femme amoureuse folle (surtout folle d'ailleurs) de Katsuhiro qui ira jusqu'à la pire humiliation pour prouver son amour qui ne pourra être accueilli que froidement.

Que des personnages déprimés donc, mais le ton est particulièrement léger et de l'humour transparaît tout au long du film, pas de gags, mais l'expression d'une affection un peu critique de la part de l'auteur. Il aime ses personnages, connaît leurs défauts et sourit de leurs erreurs.

La mise en scène est globalement très belle, avec une réelle assurance. On sent que le réalisateur sait où il va, maîtrise son sujet et s'offre donc le temps d'y aller et d'admirer le paysage, à savoir des petits moments de vie, des silences et des regards entre ses comédiens au demeurant formidables. La palme revient toutefois à la comédienne, très masculine comme personnage, dégageant beaucoup d'émotion.

Cette mise en scène est particulièrement efficace et admirable dans les moments de drame, dans les "scènes de ménages" pourrait-on dire (la première grande scène entre Asako et Katsuhiro par exemple, ou encore dans la scène de famille réunissant tous les personnages) filmés en plan séquence, en large, laissant toute la place aux comédiens pour qu'ils fassent évoluer la tension dramatique.

Un joli travail en somme.