Féminisation réussie pour un personnage de légende. Si je comprends bien, à l'époque des samouraïs – ou pendant une partie de cette époque – les hommes aveugles avaient l'expédient de devenir masseurs et les femmes, de devenir goze : c'est-à-dire joueuses de cet instrument à cordes qui ressemble à un banjo et dont je ne connais pas le nom. Alors, ce sont donc les aventures d'une goze itinérante, qui entraîne dans son sillage un enfant de 8-10 ans qui n'aime pas qu'on l'appelle "mon petit" et un samouraï apparemment pusillanime qui a un blocage freudien : depuis un terrible accident dont il fut la cause étant petit et qui coûta la vue (sic !) à sa mère, il n'arrive pas à dégainer son sabre. Malgré l'excellent acteur qui l'incarne, j'ai trouvé justement que ce le traitement simpliste du principal personnage masculin était la principale faiblesse du film, d'autant que ça jure avec le soin évident apporté à camper une Ichi vivante. Comme si les scénaristes avaient mis toute leur énergie sur le personnage féminin central et manqué de carburant pour parachever l'autre.

L'histoire fournit une charmante et logique justification aux origines de son héroïne, à sa singulière technique de sabre, ainsi qu'aux raisons pour lesquelles elle tient tant à affronter Banki, un seigneur de la guerre défiguré qui avec sa bande fait régner la terreur sur une ville hôtelière.

En tant que chambara c'est tout à fait al dente. Les scènes de sabre sont magnifiques et l'interprète d'Ichi, d'une étonnante souplesse féline. Si elle est doublée, alors c'est très bien fait car je n'y ai vu que du feu. Mais disons-le : j'aime à penser qu'aujourd'hui encore, comme au bon vieux temps de Mifune, Nakadai, Ichikawa, Nakamura et co, les acteurs-samouraïs font tout ça eux-mêmes, sans doublure ni cascadeur ; seulement je doute que cela soit même possible à notre époque…

Haruka Ayase est une très talentueuse et très belle sabreuse aveugle.