Quel merveilleux film en effet, dans tous les sens du terme. Sans doute les "trucages" sont-ils d'une autre époque, mais la beauté, la poésie demeurent. Et combien de souvenirs… Les magnifiques décors de Bagdad ou de son port Bassora, les jardins où se languit la princesse "dont la beauté éclipse le soleil et la lune", la collection de jouets automates du sultan parmi lesquels le fameux cheval volant, mais aussi la dangereuse danseuse aux bras multiples "dont l'étreinte vous transportera plus loin qu'aucune autre femme ne l'a fait auparavant"… ou encore le temple de l'Oeil qui voit tout…
Surprenante histoire commençant par son milieu afin de focaliser sur l'oeil peint à la proue du navire pénétrant dans le port… Oeil du cinéaste, du poète, du spectateur, de(s) dieu(x) ?
Regard halluciné de Conrad Veidt, aussi pathétique que ténébreux, beauté nostalgique de June Duprez, candeur bondissante de Sabu échappé du Livre de la jungle, sourire rêveur de John Justin, pas encore abîmé par la guerre, le tout sur une sublime partition de Miklos Rozs annonçant les plus belles pages musicales de Ben-Hur ou du Cid …
Un orient aux clichés sublimés par le septième art, bientôt développés dans Le narcisse noir ou Sinbad le marin
Un incontournable de la fantaisie orientale plein d'idées et de trouvailles, qui fit rêver des générations. Pas sûr que la dernière, habituée à des effets spéciaux autrement plus sophistiqués, fasse l'effort d'ouvrir ce beau livre d'images d'un autre temps…
Tant pis pour ceux dont le manque d'ouverture d'esprit ferme la porte au monde de féérie… Les autres y retournent encore et encore, passagers à bord du vaisseau de Jaffar fendant les flots de Bassora, écoutant le chœur des marins entonner depuis les mats des navires : « I'll never know why men come back from sea… The sea is cruel but the sea is clean… O proud Earth, how mercifull you might have been… but I'll never know why men come back from sea…"
Sabu Dastagir fils de cornac comédien principal du Voleur de Bagdad campe parfaitement le prototype parfait d'un héros local pur et bondissant. Un joyeux compagnon d'aventures bon, généreux et loyal.
La légende dit que lors d'un casting où il devait montrer son adresse à grimper sur un éléphant, celui-ci l'aida avec sa trompe à bien se positionner sur le sommet de son crâne, la production médusée l'engagea sur le champ.
Sabu devint le porte parole d'une série de films exotiques des années trente et quarante le positionnant bien souvent comme une pierre angulaire entre une malhonnêteté bien souvent locale et un « gentil » colon anglais plus ou moins dépassé par les us et coutumes d'un pays inconnu.
Le voleur de Bagdad est une prouesse pour l'époque, le climat est enchanteur, les effets spéciaux particulièrement réussis évadent le spectateur du spectre d'une guerre qui se profile.
La réalisation soignée fournie une figuration fastueuse. Le thème est simple, manichéen, essentiel à un public non exigeant amateur de couleurs chatoyantes et de méchants génies avec en toile de fond une jolie princesse à éblouir.
Les marchés aux fruits sont colorés, les costumes somptueux.
Le voleur de Bagdad régulièrement projeté à la télévision française à l'époque en noir et blanc émerveilla de nombreux adolescents imaginatifs devant un tel contexte d'évasion.
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