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Le dernier western de Robert Wise


De verdun, le 9 avril 2020 à 13:02
Note du film : 4/6

La loi de la prairie, dernier des trois westerns réalisés par l'excellent Robert Wise, a longtemps eu plutôt mauvaise réputation dans la filmographie particulièrement éclectique du réalisateur de Nous avons gagné ce soir et West Side Story. Il semble bénéficier d'une réhabilitation depuis quelques années grâce à quelques internautes amateurs de westerns.

Cette réhabilitation est à bien des égards méritée.

Le scénario est symptomatique d'une époque, la deuxième moitié des années 50, où le genre western était en train d'acquérir de plus en plus de profondeur psychologique.

En effet, les personnages ont ici plus d'importance que l'action: Roddock, patriarche très brutal (James Cagney), sa fiancée grecque (Irene Papas) et un jeune homme (Don Dubbins dont le passage au ranch coïncidera avec le passage à l'âge adulte. Ajoutons que la protagoniste grecque s'appelle Jocaste, comme la mère ET épouse d'Oedipe, ce qui montre une volonté de se rapprocher des tragédies antiques de Sophocle et d'Euripide. Ici "Jo", comme on la surnomme, est tentée de quitter son compagnon hyperviolent pour partir avec le jeune homme bienveillant qui a débarqué au ranch.

Malgré le titre anglais, Tribute to a bad man, "hommage à un mauvais homme", c'est sur ce personnage de femme que le récit se focalise la plupart du temps, d'autant plus que l'interprétation d'Irene Papas est sensible et pleine d'humanité alors que le rancher interprété par un James Cagney au bord du cabotinage apparaît dénué de la moindre nuance. Peut-être Spencer Tracy, qui devait jouer ce rôle avant de quitter le navire en cours de route, aurait-il apporté plus de richesse à ce personnage.

La réalisation de Robert Wise est de qualité et prouve qu'il aurait pu être un bon spécialiste du western. Les prises de vue des paysages de montagne (apparemment Ridgway dans le Colorado), en cinémascope et technicolor, sont spectaculaires et parfois dignes de tableaux.

Certaines séquences sont très abouties confirment l'aisance de Wise dans le genre: ainsi, la marche forcée qu'impose Roddock- Cagney à des voleurs de chevaux est assez mémorable. La musique de Miklós Rózsa accompagne l'action avec talent

Outre le manque de nuance de Cagney -ou de son personnage- même si d'autre spectateurs que moi loueront son indéniable puissance , le film est surtout handicapé par une fin heureuse qui manque totalement de crédibilité et s'oppose à la logique du film. Mais ce genre de "happy end" artificiel est un défaut que l'on retrouve dans d'autre westerns des années 50: Une corde pour te pendre et Bronco Apache en témoignent également.

La loi de la prairie est un bon western, bien meilleurs que ce que l'on a pu en dire, mais je conseillerais davantage un film comme Le salaire de la violence à celui qui veut visionner un western psychologique (ou "sur-western" pour reprendre l'expression de André Bazin) totalement réussi.


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