De quoi s'agit-il ? D'un fait d'armes que quelques soldats de l'armée d'armistice, censée respecter à la lettre les conventions passées le 22 juin 1940, ont pu réaliser lors des premiers jours de l'Opération Torch de novembre 1942, c'est-à-dire du débarquement allié au Maghreb. Le Maroc et l'Algérie se laissent doucement envahir ; la Tunisie, dont le Résident général est une vieille baderne maritime, l'amiral Esteva, fidèle jusqu'au bout des ongles au régime de Vichy, est plus réticente. Mais il est certain que la situation politique est complexe et explosive : en surface, les Allemands respectent la fiction de la souveraineté vichyste et beaucoup se demandent vers qui doit aller leur fidélité.
Une compagnie est envoyée par les autorités vichystes de Tunis pour garder le pont de Medjez el-Bab, seule voie d'accès possible entre Algérie et Tunisie. Compagnie commandée par le capitaine de Lambérieux (Paul Meurisse), officier de carrière presque caricatural dans le genre jugulaire/jugulaire et service/service, homme froid, élégant, sanglé dans son uniforme, ses certitudes, son sens de l'honneur et du service. Mais la plupart de ses hommes sont animés par l'esprit de résistance, en premier lieu le sergent-chef Bourgeon (Raymond Pellegrin) qui exerce une sorte de magistère sur ses camarades sous-officiers et leurs soldats. Parmi qui Maurice (Roger Hanin), grande gueule tonitruante, hâbleuse, courageuse, idiote et (un comble !) antisémite ; et cela alors qu'il a noué une relation avec Léa (Dany Carrel), jeune fille émancipée qui a entendu parler de l'attitude qu'ont les Allemands en Europe pour son peuple et qui cherche à l'avertir de l'horreur ; mais qui tombe sur la sorte de fatalisme représenté par son père (Georges Wilson) et les anciens de la communauté. Et d'autres braves gars, Charlier (Roger Dumas), moqué par tous parce que son prénom est le malencontreux Adolphe (qui pouvait savoir !!) et d'autres encore, Max Montavon ou Alexandre Rignault. Des gars qui ne demandent pas mieux que de se battre en attendant l'arrivée des soldats des États-Unis.Eh bien ces gars-là, qui n'étaient qu'une poignée dotée d'un armement minable ont pu tenir, grâce à la ruse et l'intelligence des situations pour permettre aux Alliés d'arriver et d'aller libérer la Tunisie. Un fait d'armes bien oublié.
On jugera, non sans pertinence, que Paul Meurisse, qui incarne avec rigidité et élégance l'officier de carrière de Lambérieux paraît trop âgé pour n'avoir que le grade de capitaine ; de fait l'acteur, en 1962, lors du tournage du film, avait déjà 50 ans ; on chipotera sur l'intervention de Dany Carrel et ses intrigues amoureuses, celle qui se défait avec le goujat Hanin, celle qui s'esquisse avec l'excellent Pellegrin. Il se peut aussi que certains s'étonnent devant l'ignorance des villageois juifs sur l'ignorance du sort de leurs coreligionnaires en Europe. N'empêche que le film, que je surcôte un peu, tout à fait à dessein, est une bouffée de courage.Et cela même – surtout ? – s'il se termine par le massacre des glorieux défenseurs du pont de Medjez el-Bab.
Page générée en 0.0029 s. - 6 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter