Dans le dernier ouvrage français paru aux éditions LettMotif sur Ava Gardner à l'occasion du centenaire de sa naissance, il est écrit au sujet de Tremblement de terre :
"Le scénario original prévoit que le héros joué par Heston s’en sort à la fin après la disparition de sa mégère de femme emportée par les eaux, pour retrouver sa jeune maîtresse et participer à la reconstruction de la ville. Mais l’acteur insiste pour disparaitre avec son épouse dans les profondeurs en une fin moins attendue et plus tragique, et finit par obtenir gain de cause. Le personnage interprété par Ava en devient encore plus négatif : non seulement elle a rendu la vie impossible à son mari, mais elle l’entraine avec elle dans la mort ! Le "Village Voice" estime que la démarche de faire mourir le personnage de Charlton Heston avec Ava Gardner plutôt que de lui offrir une nouvelle vie auprès de Geneviève Bujold se justifie pour une raison "iconographique" dans la mesure où ces deux vétérans de l’âge d’or d’Hollywood renvoient l’un à l’autre en termes d’image, quand bien même le caractère de leurs personnages ne s’accorde pas. Voici donc l’ancien Hollywood jeté aux égouts par le nouveau sans état d’âme… Telle est peut-être la véritable tragédie qui se joue dans ce film.
La journaliste Pauline Kael n’hésite d’ailleurs pas à parler d’une certaine "autodestruction" de l’industrie du cinéma dans The New Yorker : "Gardner était l’une des dernières stars féminines à s’imposer par sa seule beauté. (…) Elle avait une qualité rêveuse, blessée, une bouche généreusement modelée, et un regard lointain. Peut-être que ce qui chamboulait les gens tenait à ce que sa sensualité était développée, mais pas sa personnalité. Elle était une belle errante sans racines, d’une certaine manière incomplète mais jamais ordinaire, et presque impossible à détester puisque totalement en manque d’affection. Mais pour Universal, elle est juste une vieille vedette de cinéma de plus pour muscler un film de son pouvoir de star, et donc on lui donne le rôle d’une quelconque mégère dont l’époux est lassé."
"Ava Gardner, des films aux mythes, L. Dolet, LettMotif, 2023.
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se justifie pour une raison "iconographique" dans la mesure où ces deux vétérans de l’âge d’or d’Hollywood renvoient l’un à l’autre en termes d’image, quand bien même le caractère de leurs personnages ne s’accorde pas. Voici donc l’ancien Hollywood jeté aux égouts par le nouveau sans état d’âme… Telle est peut-être la véritable tragédie qui se joue dans ce film.