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Ancrés dans la chair


De verdun, le 30 avril 2020 à 20:49
Note du film : 5/6

Grand film noir par l'un des maîtres absolus du genre, Robert Siodmak.

La mise en scène, la photo en noir et blanc et les acteurs méritent tous les éloges. Je partage pour l'essentiel l'analyse développée par Impétueux dans sa chronique.

Seule réserve que je formulerais: contrairement à Assurance sur la mort, la construction en flash-back me semble ici artificielle voire inutile. Le film commence par une scène très forte de retrouvailles entre les deux amants, le hold-up s'apprête à avoir lieu mais le flash-back explicatif surgit sans crier gare et fait retomber le suspens.

En revanche, la fin, l'une des plus sombres d'un genre qui, pourtant, n'a jamais eu peur d'aller loin dans la noirceur et le romantisme, est très puissante.


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De Impétueux, le 19 mars 2020 à 15:31
Note du film : 5/6

Steven Thomson (Burt Lancaster) est un représentant typique de la middle class californienne du lendemain de la guerre. Il a tout pour mener pour une vie paisible, comme son jeune frère va bientôt le faire, même si sa vieille maman est un peu trop présente et couve avec un soupçon d'inquiétude son grand beau garçon. Mais il a le malheur de connaître une des filles faciles du coin, sûrement la plus belle, Anna (Yvonne De Carlo) qui a beaucoup de goût pour les bijoux, les belles voitures, la grande vie. Mais qui a aussi – et c'est là que le film est intéressant et original – beaucoup de goût pour Steven. Dans le cinéma bien puritain des États-Unis de 1949, voilà une évidence (un scandale ?) assez rarement montrée : l'attirance charnelle intense, palpable, fatale entre cet homme et cette femme.

Je ne connais pas bien Robert Siodmak le réalisateur de Pour toi j'ai tué. Allemand d'origine, il a eu une carrière très longue, étendue d'Allemagne – d'avant le nazisme – à l'Allemagne – d'après le nazisme – en passant par la France (avec le remarquable et très noir Mollenard, un des meilleurs rôles d'Harry Baur) et le Nouveau continent, une carrière qui a touché de très nombreux genres, l'opérette à la française (La crise est finie), le fantastique (Le fils de Dracula), le film de pirates (Le corsaire rouge), le péplum (Pour la conquête de Rome), le western (Custer, l'homme de l'Ouest). Et, naturellement le thriller.


C'est bien à ce genre là, le film noir, qu'appartient Pour toi j'ai tué. Construction complexe, sur plusieurs temporalités, mais si brillamment menée qu'on ne perd pas un instant le fil du récit et que les péripéties s'enchaînent parfaitement. Quelque chose domine et donne beaucoup de force : le sentiment d'une fatalité qui pèse, qui rend inéluctable l'aventure et les drames qui vont survenir. En voix off – ou plutôt en monologue intérieur – Steven qui raconte le dit plusieurs fois : Si je n'avais pas été à tel endroit, si cette personne ne s'était pas baissée, si ceci ou si cela… rien ne serait arrivé de bien terrible et avec un peu de nostalgie grise et rose, il aurait pu songer à son histoire amoureuse avec Anna sans la reprendre, sans qu'elle le dévore, sans qu'elle les dévore.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit ; malgré les réticences de sa mère (Edna Holland), de son patron Pop (Griff Barnett), de son ami d'enfance, le lieutenant de police Pete Ramirez (Stephen McNally), Steven s'est marié à Anna. Ça n'a pas tenu longtemps, le couple a divorcé au bout de quelques mois et Steven a quitté la ville. Mais lorsqu'il revient, parce que sa mère vieillit, son frère Slade (Richard Thomson) va se marier, il ne faut pas longtemps aux anciens époux pour renouer ; et c'est Anna qui relance continuellement son ex-mari. Et qui se lasse aussi parce qu'il n'y a pas assez d'argent, pas assez de luxe, parce que Steven ne se décide pas franchement. Elle épouse alors une riche canaille, Slim Dundee (Dan Duryea).

Ah, c'est malin ! Parce que désormais Steven veut absolument récupérer Anna, qui ne demande que ça. Mais pour l'avoir il faut des sous. D'où l'idée d'un beau braquage. Qui, comme beaucoup de braquages censés se passer comme sur des roulettes s'accomplira dans les trahisons et les meurtres. Et tout cela nous vaudra une excellente chute finale, à la fois prévisible et inattendue (ce qui est un aspect rare mais délicieux des meilleurs thrillers).

Burt Lancaster ressemble tout à fait à ce qu'on imagine bien être Steven : un grand beau garçon à l'air gentil et buté, pas très intelligent. Yvonne De Carlo est extrêmement belle et vénéneuse. Et Robert Siodmak filme tout cela avec un grand talent avec des prises de vue hardies et quelquefois très oppressantes. Il y a quelques scènes véritablement angoissantes, notamment celle de l'hôpital où Steven, blessé et alité craint de voir surgir les tueurs de Slim. Film vraiment très recommandable.


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