C'est une grosse déception pour ma part en ce qui concerne Tu ne tueras point, le nouveau film de Mel Gibson dont les échos paraissaient très positifs.

Le film adopte un canevas très classique – bref épisode sur l'enfance du héros, romance, engagement et entraînement sous la férule d'un sergent sadique, puis la guerre et ses horreurs. Le héros, Desmond T. Doss (Andrew Garfield) est un objecteur de conscience qui souhaite néanmoins être incorporé en tant qu'infirmier mais refuse obstinément de tenir un fusil. Sur ce sujet a priori passionnant, Mel Gibson greffe une symbolique religieuse appuyée, assortie d'une pesante réflexion sur la rédemption (le héros a failli tuer son petit frère quand il était jeune, il a menacé par la suite son père alcoolique d'un revolver, donc il ne touchera plus jamais à une arme).

Armé de sa foi de charbonnier, le cinéaste ne recule devant rien, de Doss s'adressant directement à Dieu en plein combat, à un montage final composé d'images d'archives, pour bien montrer au spectateur que oui, cet être extraordinaire a bien été touché par la grâce. Les soldats japonais sont une masse indistincte, fourbe et lâche, et ne sont là que pour faire contrepoint à la hardiesse du héros. Mel Gibson assène son credo avec une telle lourdeur que je l'ai trouvé difficilement supportable.

Si l'on ajoute que l'acteur principal n'est pas très charismatique, les seconds rôles inexistants et la première partie du film remplie de clichés sépia et de poncifs frôlant le ridicule (la romance avec l'infirmière ressemble à une parodie), le tableau n'est pour ma part pas très enthousiasmant.

Dans ce drame de guerre bouffi de pathos et larmoyant, on peut retenir néanmoins quelques images dantesques de corps en flammes et de charniers purulents.

Mais c'est trop peu…