Dans la droite lignée du Choix de Sophie, sur le plan narratif, Le liseur met un certain temps à démarrer vraiment, et le côté répétitif des rencontres amoureuses entre cet ado de 15 ans, et cette femme brusque, inculte et sensuelle, finit par endormir un peu. C'est pour mieux surprendre, lors de la révélation de l'identité de celle-ci, qui laisse pantois.

Réalisé de façon très classique, sans le moindre effet, Le liseur doit beaucoup à l'interprétation âpre et austère de Kate Winslet, soudainement mûrie, débarrassée de ses rondeurs, qui compose un personnage fascinant et monstrueux, naïf et effrayant. Elle parvient à maintenir le suspense par la seule force de ses changements d'humeur, ses subtiles expressions. A ses côtés, Fiennes fait acte de présence, et des vétérans comme Bruno Ganz ou Lena Olin (dans un double rôle) apportent tout leur métier à des petits rôles bien dessinés.

Une fois le film achevé, le mystère dévoilé, le pardon accordé, le drame consommé, on se dit que Le liseur n'est au fond que le récit d'un premier amour. C'est peut-être ce qui le rend si touchant, au-delà des horreurs de la guerre.

PS : Le film est infiniment plus intéressant si on ne connaît pas les développements du récit, ce qui signifie n'avoir jamais lu le roman (ce qui est mon cas)