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Critique


De Azurlys, le 11 juin 2012 à 14:38

J'ai revu dernièrement, avant de partir de Paris pour la Provence, MONSIEUR N. d'Antoine de Caunes. Un peu interloqué par l'apostrophe énergique qui le décrit comme une ineptie, je voudrais plaider la cause de ce film auquel, après l'avoir vu deux fois en salle, j'ai pris un plaisir très profond.

Bien évidemment, l'Histoire, avec un grand H y est largement bousculée, et l'entreprise repose sur l'hypothèse improbable d'un départ secret de Napoléon de son exil au milieu de l'Atlantique. Mais le ton semble relever du clin d'œil, de la plaisanterie, curieusement traités de manière grave, à froid pourrait-on dire, alors que l'on se trouve dans une sorte d'énorme plaisanterie. L'aspect général du film semble sérieux, mais il dissimule ainsi l'humour ravageur que j'ai cru y voir.

Tout n'y ai pas idiot sur le plan historique, puisqu'on a de bonnes raisons de penser que le corps de Napoléon ne repose pas sous le dôme des Invalides. Je m'explique. Un ouvrage déjà ancien de Rétif (pas Restif) de La Bretonne et paru en 1969 reprenait des arguments très sérieux et plus anciens, et quoi que l'on en pense, on est loin des arguments sur les "auteurs en mal de copies", qui auraient ainsi monté un canular en œuvrant dans le style "pisse-copie". Déjà à l'époque, le journal du Grand Maréchal (Bertrand) faisait état des ses inquiétudes sur le possible départ de la dépouille mortelle de celui qui avait été la maître de l'Europe. Des bruits, des éléments écrit dans les mémoires du triste Hudson Lowe pouvaient en effet conduire à ces raisonnements.

Qu'on en juge. Napoléon mort en 1821 – sauf erreur, le 6 mai – fut inhumé quelques jours après, autopsie faite, ne pouvait guère intéresser Louis-Philippe après son accession au pouvoir. Et pourtant, sous la pression de ses fils, finit par admettre comme possible le projet d'un retour des cendres. La chose devint réalité en 1840, et le Prince de Joinville, l'un des fils du "Roi des Français", fut investi de cette tâche et secondé par le comte de Rohan-Chabot, qui devait servir d'intermédiaire auprès des autorités britanniques. Il me semble au reste que Joinville ne descendit pas de La Belle Poule, restée à quai.

Une surprise de taille attendait les observateurs. L'exhumation montra quatre cercueils, en lieu et place des trois qui avaient été enterrés ! A l'ouverture (les autorités française avaient insisté pour des motifs présentés comme sanitaires, mais…) un choc les frappa. L'Empereur semblait n'être plus le même, plus mince, les jambes dans une position différente que lors de l'inhumation : les vases qui contenaient les "entrailles" placés en 1821 de part et d'autres des pieds, se retrouvaient entre les deux jambes, repliées en raison d'un cadavre manifestement plus grand que celui qu'ils s'attendaient à trouver. Par ailleurs, l'état de conservation était stupéfiant. Enfin, le visage était beaucoup plus proche de celui du vainqueur de retour de la Campagne d'Italie, que du gros hommes bouffi dont il avaient le souvenir. Plusieurs des officiers qui avaient vécu à Longwood pendant l'exil étaient présents, et furent frappés par cette constatation. Par ailleurs, ils avaient su, dix neuf ans auparavant, que Cipriani – assimilé parfois à un demi-frère de l'Empereur, à tort – et qui occupait le poste de maître d'hôtel de Napoléon, fut surpris de trahison et informait sir Hudson Lowe des faits et gestes des occupants de Longwood, s'était suicidé à l'arsenic. L'arsenic garde très longtemps les corps intacts…

Il est aisé de comprendre ce qui semblait vraisemblable : tout laissait à pense qu'il y avait eu substitution de corps, Cipriani apparaissait comme l'occupant des cercueils. L'on ne retrouva jamais ni son corps ni même son tombeau au cimetière de Jamestone.

Un ouvrage de quelques années vous apporterait à cet égard des réponses précises :'est "l'Énigme de l'Exhumé de Saint-Hélène" d'Olivier Roy-Henry, aux Éditions de l'Archipel. L'auteur s'est livré à une enquête approfondie, et alla même jusqu'à prendre contact avec le Prince Napoléon, qui n'hésita pas à faire effectuer des recherches ADN sur les descendants de l'illustre personnage. Les choses montèrent même jusqu'à la Présidence de la République, où le Chef de l'État – M. Chirac, en l'occurrence – refusa que l'on ouvre le caveau des Invalides en arguant de "situations qui ne s'y prêtaient pas". La question est donc bien posée, mais reste sans réponse. L'auteur ci-dessus indiqué, apporte un élément de réponse quant aux motifs possibles de cette affaire, que je me garderais de développer ici. Indiscutablement, on a d'excellents motifs de douter de la présence des "cendres" de l'Empereur aux Invalides. Serait-ce un ultime témoignage d'humour britannique ? Il n'est pas interdit de s'amuser de la chose, même si dans le secret des chancelleries, il semble qu'on ait des motifs d'être sérieux… Au reste, nous le savons, l'humour est toujours chose sérieuse…

Le film dans tout cela ? En ce qui me concerne, je me suis beaucoup amusé. Je déplore l'échec de ce film en France du moins. Hors de nos frontières j'ignore ce que fut sa réussite ou non. Philippe Torreton y fait un Napoléon impayable, avec juste un zeste de cabotinage qui rend son interprétation irrésistible. J'ai, en revanche une opinion meilleure sur les autres interprètes que ce que dit Dumbledore (si je ne me trompe pas de pseudo). S'il est vrai que Stéphane Freys est faible, en revanche, la comédienne qui joue Betsi Balcombe – qui fut passionnément éprise de l'Empereur -, me parait juste et touchante. Les dialogues de M. Manzor (le prénom m'échappe) me sont apparus de bon ton avec un sens de la dérision qui participe à cette pochade, sérieuse en apparence, mais en apparence seulement…


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De judo-range, le 14 août 2006 à 06:18

UN FILM SUR NAPOLEON, POUR LE RESTE IL S'AGIT D'UNE INEPTIE HISTORIQUE ET D'UNE ABERRATION PSYCHOLOGIQUE.

COMMENT ANTOINE DE CAUNES a-t-il pu COMMETTRE UNE TELLE IDIOTIE ?

Il faut singulièrement méconnaitre Napoléon, sa psychologie, son environnement, son époque, bref pour tenir même en fiction de tels propos.


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