Quelques réactions complémentaires concernant Amber forever. Quel titre admirable, soit-dit en passant, de fond et de forme ! De mon point de vue, Ambre est le meilleur film hollywoodien consacré à la monarchie, devançant d'une courte-tête le Marie Antoinette de Van Dyke. Comme Patrick Brion dans les suppléments, et sans doute comme pas mal d'observateurs, on peut penser qu'il s'agit d'un des tous meilleurs films tournés en technicolor. Cette technique fort bien présentée ci-dessus par le comte Azurlys (ou sur wikipédia pour les néophytes) produit des couleurs flamboyantes, pas forcément représentatives de la réalité, mais pouvant décupler les sentiments de coeur des personnages. Leon Shamroy en fut bien évidemment un maître (Le cygne noir, …). Louons l'intelligence du scénario prenant un soin exceptionnel pour exploiter au mieux chaque péripétie du récit, avec des détails minutieux (par exemple, la fuite de Ambre, pourchassée par les soldats du roi).
Le propos du film est dur pour la monarchie britannique, littéralement enterrée par le scénario de Amber forever. Charles II (George Sanders) , roi roublard, parle à son sujet de "mœurs dépravées et de viles intrigues". Le roi discute de femmes et de sujets sans importance face à la cour alors que le feu se répand dans la capitale, frappée également par la peste. Comme si la gouvernance de l'Etat ne pouvait être la préoccupation de la monarchie. A l'inverse, les Etats-Unis sont désignés comme une terre promise ou tout va se reconstruire de façon idyllique… A en croire Patrick Brion dans les suppléments du dvd, commentant les coulisses du tournage, il y eut également des intrigues de plateau, Preminger prenant la place de John Stahl, et Linda Darnell remplaçant Peggy Cummins. Mais qu'importe : la mise en scène de Preminger à la fois raffinée et sèche, est sublime. Pléthore de plans magnifiques et efficaces comme le travelling arrière de la 111° minute.
Perfection du technicolor et des images de Leon Shamroy, mon bon Azurlys, mais pas seulement… Voilà encore un chef d'oeuvre (absolu) qui était passé à travers mon détecteur de classique… 20th Century Fox, sous la houlette de son producteur exécutif Darryl F. Zanuck a accumulé des œuvres de qualité superlative fin des années 1940 – début des années 1950. Ambre (1947) présente un air de ressemblance avec David et Bethsabée (1951), L'Aventure de Mme Muir (1947), ce qui est logique car le scénariste pour ces trois œuvres est le même Philip Dunne. Une volonté identique de faire un tour complet des rapports sociaux et humains, avec un centrage pour Ambre sur le thème de l'ambition. On est stupéfait par la qualité du traitement du sujet, la finesse et l'intelligence du propos, la qualité des dialogues, sur 138 minutes. Par le caractère sophistiqué et naturel de cette histoire.
La mise en scène de Preminger tutoie les sommets… Plans-séquences somptueux, virevoltant de façon invisible autour des personnages. Les très nombreux acteurs sont dirigés de façon exceptionnelle ; un défilé (George Sanders, Linda Darnell, …) très moderne et dynamique. La gestion des aspects sonores est à l'unisson, créant un climat mi-onirique, mi-réaliste. Les chants de Noël à l'intérieur de la prison, sont accordés au dixième de seconde aux pensées des personnages. Par ce vecteur classique, les émotions de ces personnages deviennent celles de spectateurs. Gestion parfaite des facteurs temps et espace, comme l'illustre la séquence de l'entrée des deux héros dans l'antichambre du roi, créant effet d'attente, progression dramatique du récit. La quintessence d'une écriture cinématographique hollywoodienne classique.
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