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Critique


De dumbledore, le 5 septembre 2003 à 10:25
Note du film : 2/6

Comment reconnaît-on un chef d'œuvre à Hollywood? Facile. Il en existe un remake catastrophique. Cette règle est encore confirmé avec Desperate Hours de Michael Cimino adapté de La Maison des otages de William Wyler.

Avant d'aborder les côtés ratés de ce film, il faut tout de même admettre une chose, c'est que même dans le pire ratage qui soit, Michael Cimino sait nous rappeler que c'est un grand metteur, capable d'idées visuelles tout à fait saisissantes. Sa mise en scène très énergique avec un sens très fort du cadre et du montage qui surprend quasiment à chaque changement de plans.

Ce talent de mis de côté (par nous dans cette critique et un peu tout de même par le réalisateur pour ce film), il faut reconnaître un manque certain de travail au niveau du scénario et en particulier sur les personnages. Que Michael Bosworth ne se doute pas une seule seconde que sa maîtresse va le trahir ne correspond par exemple absolument pas au personnage, paranoïaque et pervers. Il est également trop naïf de croire que la police ne va pas la traquer elle. De même le personnage de la maîtresse jouée par Kelly Lynch (que Cimino nous montre nue dès qu'il peut) n'est pas psychologiquement déterminé. Elle semble folle amoureuse de son mec, capable de tout mettre en péril pour lui et fuir pour le rejoindre, mais elle retourne sa veste en deux temps trois mouvements. La flic est également baclée. On sent qu'elle se comporte, parle comme un mec, au point même qu'on pourrait même penser que le choix d'une femme pour jouer le rôle aurait pû être fait à la dernière seconde tant elle n'a rien de féminin. L'idée (de ne pas féminiser un personnage féminin) aurait pu être intéressante, seulement ici ça ne débouche sur rien, sur aucune idée, rien.

Cimino opère également des changements de fond par rapport au film de William Wyler. Le premier et majeur consiste à transformer le film de huis-clos en… film d'action. Pour ce faire, il rajoute des scènes de poursuites en voitures en montage parallèle à l'attente. Heureusement que ces scènes sont très bien filmées parce que l'intérêt dramatique et scénaristiques sont plutôt contestables. La seconde modification concerne le personnage principal qui fait très "film des années 90". Ainsi, Mickey Rourke n'a rien à voir avec Bogart. C'est le mal incarné et non pas un gars qui a eu la malchance de prendre un mauvais chemin. C'est pour bien montrer cela que le film nous le montre très tôt tuer de sang froid et inutilement un garde. Le message: pas de rédemption possible pour lui.

Le troisième grand changement est le plus dommageable. Il concerne la morale du film, très "reaganienne". Au début du film, la famille est séparés. Le mari (Anthony Hopkins) ne vit plus ici, il a eu une aventure extra-conjugale. La prise d'otages va ressouder peu à peu la famille et à la fin, on devine que la famille est de nouveau unie et que Anthony Hopkins va rester à sa place c'est-à-dire bien sage chez lui pour protéger sa famille…

Pour finir quelques mots sur les acteurs. On peut au moins reconnaître que Anthony Hopkins a la sagesse d'en faire le moins possible et finalement offrir une performance convenable. Par contre Mickey Rourke joue son personnage avec force de minaudage, de pose, surjouant à outrance. L'idée est intéressante car le personnage, noir, dur, cruel, etc, s'y prêtait. Seulement, le spectateur a bien du mal à voir le personnage derrière le comédien.


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Cimino


De Jarriq, le 20 avril 2003 à 06:32

Le début de la fin pour Cimino, qui s'enlise dans un remake inutile. Le huis-clos cinématographique ne vaut souvent que par sa direction d'acteurs et hélas, celle de "Desperate hours" est au-dessous de tout. On savait Rourke inégal, mais là il prend des poses, fait des mines, joue ce caïd brillantiné de façon grotesque face à Hopkins qui n'a jamais été aussi mauvais, à côté de la plaque. Ne parlons pas de Lindsay Crouse en flic ! Il n'y a aucun suspense et même l'oeil averti ne peut reconnaître dans ce navet absolu, un millième de la patte du grand réalisateur que fut Cimino. Et dire que c'est encore un chef-d'oeuvre comparé au terrifiant "Sunchasers" ! Le cas de ce réalisateur est assez fascinant. Il démarre avec un polar charmant ("Le Canardeur") passe directement au classique ("Voyage au bout de l'enfer"), se saborde avec une épopée sublime mais "malade" ("La Porte du paradis"), a encore quelques sursauts ("L'année du dragon") et finit dans la série B indigne, limite amateur comme ce "Desperate hours". Etrange destin…


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