Au fait, et dût paraître hardie la comparaison, le talent d'inventeur, de grossisseur de la réalité d'Ed Bloom m'a rappelé le plus fabuleux conteur romanesque du siècle dernier, Jean Giono qui, dans les conversations courantes tout autant que dans les entretiens qu'il accordait aux journalistes ou admirateurs venus l'interviewer pouvait donner à ses interlocuteurs des indications absolument contradictoires et inconciliables (et d'ailleurs Giono a presque mis en scène cette étrange faculté dans un de ses récits les plus brillants et les plus énigmatiques, Les âmes fortes (1949) dont un nommé Raoul Ruiz, habituel massacreur de chefs-d'œuvre littéraires (également Le Temps retrouvé d'après (!!!) Marcel Proust) a donné en 2001 une bien mauvaise adaptation ).
Les fantasmagories d'Ed Bloom prennent corps, s'échafaudent, s'entrelacent comme des sarments de vigne en même temps que, le long du film, de brèves incursions dans le temps présent montrent le vieil homme usé, mourant, entouré de son fils, de sa belle-fille enceinte et de sa femme aimante, Sandra (Jessica Lange, magnifique). Les inventions sont brillantes, souvent très gracieuses comme celle du village idéal de Spectre où l'herbe est si douce qu'on y vit pieds nus, dans une éternelle gaieté. Voilà qui rappelle aussi un peu des films comme The Truman show ou Pleasantville qui montrent une sorte d'image idéale de l'American way of life, à base de maisonnettes impeccables et de voisins joviaux. C'est bien sympathique à regarder. Davantage ? Ce serait trop dire. De belles images (Ed au milieu d'un champ de jonquilles, fleur préférée de sa fiancée), des inventions farfelues (les fausses sœurs siamoises, en fait jumelles, le patron du cirque, Amos (Danny DeVito) qui est en fait un loup-garou gentil), de bonnes idées. Mais, pour des adultes, c'est vraiment comme un conte de fées : on ne peut pas se contenter de ça.Page générée en 0.0032 s. - 6 requêtes effectuées
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