Avec Un 32 août sur terre, il ne faut pas s'attendre à un un scénario serré et tourné vers une efficacité dramatique, ni à une histoire proprement dite. On est ici dans un cinéma volontairement non-hollywoodien. Ce qui est recherché est moins l'histoire bien racontée, qu'une réflexion sur le thème, voire une variation sur le thème. Ici il s'agit précisément d'une réflexion sur les frontières, les au-delà.

Ainsi, cette idée de dépassement est omniprésente. Dans le titre d'abord. 32 août. Soit, 31 août + 1 jours, puis + 2 jours, etc. Une période de temps " au-delà " du temps s'est ouverte et restera ouverte pour des comportements au-delà des habitudes, jusqu'à ce que la vie quotidienne finisse par reprendre ses droits. Durant cette période, d'autres limites seront franchies. Celles de l'amitié d'abord, et puis celle physique du bout du monde ensuite, incarné par le désert.

Seulement, et là réside la vision du film, que l'on fuie ou non le temps, une seule chose est sûre. Au delà de la vie, il y a la mort. Celle évitée au début du film reviendra pour fermer cette parenthèse enchantée. Elle revient autrement, pour une autre personne certes, mais elle finira par arriver.

Un 32 août sur terre est un film étonnant, dépaysant, servi par une mise en scène somptueuse. Le réalisateur, Denis Villeneuve, fait preuve d'un sens du cadre impressionnant et d'un travail sur la lumière de toute beauté. On sent ici ou là des inclinations toutes méritoires vers le cinéma d'Antonioni (les scènes de désert rappellent un peu Profession : Reporter). Il est aidé dans la tâache par une Pascale Bussières toujours aussi expressive et juste.

Un petit film curieux à découvrir pour prouver que le cinéma québecois possède de bien belles choses (même s'il faut un peu faire un effort d'oreille pour " décoder " l'accent).