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Critique


De Arca1943, le 27 janvier 2006 à 04:54

« La Seconde Guerre mondiale et la décolonisation, tout comme l'évolution des mentalités font que ces films sont les plus difficiles à regarder dans ce qu'elle offre comme "vision du monde", qui est au mieux paternaliste et au pire raciste. »

Et à plus forte raison si le film est co-produit avec l'Italie de 1936, au lendemain de l'invasion de l'Éthiopie…

N'empêche, je jetterais bien un coup d'oeil sur cette curiosité.


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De dumbledore, le 19 janvier 2006 à 00:08
Note du film : 3/6

L'entre deux guerres est une période assez passionnante de l'histoire du cinéma français. C'est le lieu de deux courants majeurs, contraires dans leurs visions et leurs thèmes et qui pourtant ne s'affrontèrent pas, évoluant chacun de leur côté, presque en parallèle. On a ainsi le "réalisme poétique" avec comme représentants des auteurs comme les Prévert, Jean Renoir, René Clair qui sont proches des pensées socialistes de l'époque. Et puis parallèlement, il y a un cinéma de moindre intérêt il faut le dire, qui est celui "conservateur" des valeurs Françaises, celles colonialistes de l'Empire Français. La Seconde Guerre mondiale et la décolonisation, tout comme l'évolution des mentalités font que ces films sont les plus difficiles à regarder dans ce qu'elle offre comme "vision du monde", qui est au mieux paternaliste et au pire raciste.

Ce film de Jean-Paul Paulin, L'esclave blanc ne fait guère exception. L'histoire raconte le parcours de Simone, qui a quitté le continent pour rejoindre en Somalie son père qui a fait fortune dans l'exploitation de bananes. Elle y fait la rencontre de Georges, un jeune homme, blanc, sorte de secrétaire à tout faire, de son père. Elle en tombe évidemment amoureuse et évidemment, le père refuse cette mésalliance. Georges part vivre avec les indigènes, et notamment une africaine, refusant de revenir auprès de Simone. Après la mort de sa femme noire, Georges retrouvera la raison et reviendra vivre avec celle qu'il a au fond toujours aimé.

Ce film ne déroge guère aux codes de ce genre de "films colonialistes" : visions paternalistes posées par les occidentaux sur ces "étranges créatures" que sont les autochtones, agrémentés de quelques scènes "authentiques" avec danses, musique et autres rituels de ces indigènes et une histoire très légère. On profite même de la présence d'"indigène" pour oser des scènes de nu. Non, ce n'est pas de l'érotisme, je vous dis, c'est de l'ethnographie!

Le seul bémol dans ces codes réside dans le personnage de Georges, l'amant qui se situe entre le monde des occidentaux et celui des indigènes (d'où le titre). Rejeté par la femme blanche, il trouvera refuge chez la femme noire, acceptant de partir avec elle, de vivre avec elle. Le personnage est intéressant dans l'absolu et aurait pu permettre de développer une vision humanitaire et égalitaire. La tentative restera une tentation : si Georges vit chez ces indigènes et comme eux, il reste un "blanc" et tout cette parenthèse de vie chez les noirs ne restera qu'au fond qu'une "folie", une "lubie". De plus, même lorsqu'il vit dans la tribu, il reste le "blanc", supérieur, condescendant. C'est vers lui qu'on va quand il faut aller chasser le guépard qui menace les élevages, c'est lui le plus héroïque et le plus intelligent. Bien évidemment également si l'injustice est du côté des blancs, la cruauté et la méchanceté, elle, est du côté des indigènes… des sauvages.

Le scénario et la construction des personnages ne sont pas aidés par les dialogues d'une rare lourdeur, d'une rare niaiserie, sans consistance ni force. La mise en scène, elle, est sans grand intérêt. Elle est très classique, et ne se démarque ni par son originalité ni par son intelligence.

A signaler que le film aurait dû être réalisé par Carl Theodor Dreyer qui n'a pu mener le film. Dommage, le projet aurait sans doute été plus passionnant.


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