Alors bien sûr, tout n'y est pas parfait. En particulier ce besoin de mettre en scène les rêves grandiloquents de chacun. Accompagnés par la chorale des bourdons, je me serais bien passée de voir d'énormes lettres courir dans les prés ou de voir cette femme se noyer dans une espèce de château d'eau plein d'alcool. Là, j'avoue n'avoir pas vraiment saisi le message. Coline Serreau a-t-elle voulu donner une originalité à ce film, arrivant à le rendre aussi tranchant par instants que touchant à d'autres ? Je ne sais trop. Mais c'était même perturbant. En passant, même vite, Coline Serreau en profite pour égratigner l'Église qui est loin d'être parfaite et aurait besoin de se remettre en cause, même pour les plus puritains qui ont du mal à accepter l'imperfection des prêtres et leur hypocrisie ! Peut-on regretter quelques clichés sur le racisme ? Peut-être… Mais le tout se digère, à mon humble avis, fort bien. Mais, pour en revenir aux prés traversés, les décors sont d'une beauté hallucinante. Je ne sais pas très exactement où le film fut tourné, (dans la province de La Corogne ?) mais c'est splendide ! Un grand coup de chapeau au directeur de la photographie Jean-François Robin qui a fait un merveilleux travail. Il s'était occupé des marécages brumeux de IP5: l'île aux pachyderme de Beineix. Ces décors qui nous remettent le cœur à l'heure comme le chantait Férré …
Pas de surprises pour les acteurs : Muriel Robin domine le groupe sans problèmes. Elle en fait un peu trop au début, mais freine en cours de route . A l'inverse de Jean-Pierre Darroussin, affublé d'un rôle en or et si mal exploité. Et tous les autres sont bien à leurs places. Dont la très prometteuse Marie Kremer qui se fit connaitre ici et que l'on remarquera encore bien plus tard dans nombre de fictions. Elle passa même du côté de Chez Maupassant : histoire d'une fille de ferme ou elle se montra impeccable. Pascal Légitimus reste Pascal Légitimus. Un inconnu qui nous est toujours aussi familier. En fin de film, Saint-Jacques-de-Compostelle est magnifiquement, même si hâtivement filmée. Nous ressentons avec les acteurs, comme une espèce de délivrance physique que connaissent tous les gens qui pratiquent la marche et pas la ballade. Nous avons cheminé avec eux, leurs espoirs et leurs regrets, leurs vies de rien et leurs rêves bizarres. Le voyage a duré une heure trente et fut beaucoup moins fatiguant que dans la réalité. Du bon cinéma. Et un Frétyl trop déprimé…Page générée en 0.0024 s. - 6 requêtes effectuées
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