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Vagues à l'âme..


De Impétueux, le 5 juin 2012 à 13:33

Beau message sensible et fort bien écrit, Tamatoa… Dommage que le film ne soit pas à la mesure de votre propos…


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De Tamatoa, le 5 juin 2012 à 02:02
Note du film : 3/6

Blaise Cendrars affirmait que La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré et, pour être désespéré, il faut avoir beaucoup vécu et aimer encore le monde. Benoît Poelvoorde qui est un acteur à jamais désespéré ne pouvait être que le mieux placé quand Benoit mariage, le réalisateur, a dû choisir son héros désespérant à travers un homme qui, entre deux déprimes, tente de nous faire croire qu'il aime encore ce monde et cette vie. Maintenant, reste à savoir ce que Mariage a voulu faire …

Un film d'art et d'essai ? Il serait pleinement réussi. Une fiction qui tanguerait entre le drôle et un Drôle de drame ? Ce serait une demi-catastrophe ! Et même si Les illusions perdues peuvent se traiter de mille façons, le double regard que nous pouvons porter sur ce Cowboy ne peut que nous laisser dans le doute. Oui, Poelvoorde est un grand, un très grand ! Oui, les brumes du Nord et celles de son esprit bouffé par la nostalgie d'une époque révolue lui vont comme un gant. Poelvoorde n'a pas un regard, il a un regret. Poelvoorde n'a pas une voix, il émet une plainte. Il ne se prend pas pour un jeune. Il oublie simplement qu'il n'en est plus un. Et ses souvenirs qui n'ont pas déserté, eux, ne font rien pour arranger sa raison. Ce qui le fit "vibrer" autrefois vit encore au fond de son cœur resté fidèle au temps passé. En prenant de l'âge, il conjugue Machiavel :"- Rien n'est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d'espérer -". Mais cette quête permanente de faire revivre ce qui n'a peut-être été grand que dans son esprit prématurément fatigué n'aurait-elle pas mérité une autre approche ? Une vision plus précise ? Le flou, l'étrange et l'hésitation se marient mal avec le génie du comédien. Et les gens se trompent qui pensent que C'est arrivé près de chez vous était un film étrange. Il était effrayant de lucidité, fou et cruel. Ce qui manque à cette œuvre là. D'où un constant et pénible partage de sensations.

Rien n'est mauvais dans ce film. Mais tout y a l'air sacrifié. Un Poelvoorde voulant reconquérir ses souvenirs, c'est très beau. Mais il devait pleuvoir le jour où le projet fut abordé. Faisant fi des éternels marronniers que lui imposent son travail de journaliste de province, le voilà qui veut faire dans le scoop, le sensationnel. Et plutôt que de jouer les paparrazzi belges, il va se lancer dans l'introspection d'un fait-divers ancien. Mais le héros de cet évènement frelaté, impeccable Gilbert Melki, et les témoins de ce qui est devenu un vieux songe, tous ces lambeaux de souvenirs ont prit le temps en cours de route. Et elle fut longue… Et si le sucré-salé de l'âme de Poelvoorde se confond merveilleusement avec le ressac de la mer du Nord, il n'en reste pas moins que ce film nous laisse soit un goût d'inachevé, soit le regret qu'il fut simplement tenté… Car si Les sanglots longs des violons de l'automne blessent son cœur d'une langueur monotone, cela ne suffit pas à faire de ce film un rendez-vous entre un comédien chéri du public et une histoire prenante. La grande illusion de Poelvoorde n'a pas été traitée avec le désespoir et la cruauté dus à son rang et c'est dommage. Pourtant fort bien encadrée par des acteurs qui jouent le vrai, elle aurait pu devenir formidable et très honorable fiction. Peut-être même un très grand film.

Mais ce n'est, comme disait Audiard, qu'un rêve qui s'est jeté à la mer. Ou dans le grand maelström de la vie qui emporte les couleurs et ne nous laisse que le gris. Un gris désespérant qu'il faut apprendre a apprivoiser pour mieux se retrouver et faire encore semblant d'aimer le monde..


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