Un de mes polars préférés, le temps des 81 minutes parmi les plus denses que j'ai pu voir sur un écran…

Dans ce film à la paternité troublée, signé Patrick Yau mais dont beaucoup attribuent la qualité à son producteur Johnnie To, Macao devient le temps d'une nuit le terrain d'affrontement entre Sam (Tony Leung Chiu-Wai ), flic ripou jusqu'à la moelle, et Tony (Lau Ching-Wan), un tueur venu accomplir un mystérieux contrat. Deux personnages impeccablement caractérisés (le sac Adidas que trimballe en permanence Tony sur l'épaule, le chiffon dont se sert Sam pour éponger la sueur qui lui inonde le visage), caressés par une caméra qui prend un malin plaisir à iconiser leur attitude…

Dans la moiteur d'une nuit sans fin que des néons épars s'évertuent à arracher aux ombres, sur un tempo trépidant émaillé d'incroyables morceaux de bravoure, bercé par des nappes musicales où un rock planant le dispute à un net démarquage du thème musical de Midnight Express, The Longest Nite est une vrai claque.

Une claque à l'image de la séquence de la voiture lancée à pleine vitesse, pare-brise fracassé par un Tony qui grille le bitume à l'aveugle : trépidante, violemment nihiliste, l'ADN de l'adrénaline gravé sur la pellicule…

… Incroyable confrontation muette dans la geôle du commissariat, où les grains de poussière en suspension semblent à peine perturbé par les flingues braqués par Tony et Sam…

…Ces mêmes flingues qui cracheront leurs balafres de lumière dans un inoubliable final, où le flic et le tueur se confondent jusqu'à ne faire plus qu'un dans un vertigineux jeu de miroirs..

Du très grand art !

6/6 !!!