Passons sur un défaut possible de Les amants réguliers : sa longueur de trois heures, qui destine l'oeuvre à un public motivé. Il aurait été possible de condenser certaines parties (notamment le début) sans nuire à la cohérence globale de forme et de fond. Le film relate les aventures d'un groupe de jeunes gens à partir des événements de mai 1968. La psychologie des uns et des autres est finement transcrite, sans manichéisme. Une très belle photographie en noir et blanc intègre les personnages dans des décors réalistes urbains sombres. J'ai eu l'impression que le talentueux Philippe Garrel était inspiré par le style documentaire d'investigation historique de Le chagrin et la pitié de Marcel Ophüls. L'oppression créée par le service militaire de l'époque, me rappelle mon propre vécu : des officiers à Balard qui faisaient réformer leurs enfants, et consignaient des appelés aux corvées de cuisine, façon régime nazi. Heureusement, j'ai pu me sortir rapidement et avec ruse de ce système honteux. Comment le gouvernement actuel peut-il envisager un instant de le ressusciter ?