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Les horreurs de la pègre


De Steve Mcqueen, le 24 mai 2010 à 13:58
Note du film : 3/6

je me situerais entre les avis respectifs d'"Impétueux" et "Frétyl". "Truands" fait preuve d'une mise en scène audacieuse et d'un propos ambitieux assez rares dans le paysage exsangue du polar français. Là où Olivier Marchal, en tant que réalisateur, enrobe ses polars solennels d'une certaine tension mélancolique et d'un lyrisme discret ("36" et surtout le beau et noir "MR73"), Schoendoerffer ne s'embarrasse pas d 'affèterie et expose une violence froide et percutante (la scène d'ouverture, remarquable). Car c'est bien cette approche frontale et décomplexée qui fait le prix de "Truands". Même s'il fait un "copier-coller" de l'anthologique fusillade centrale de "Heat" dans la séquence du parking, le réalisateur s'en tire avec les honneurs, pour aboutir à un concentré de nervosité sèche. Idem lorsque Magimel et Marchal vont exécuter les deux rescapés de ladite fusillade : c'est sec et sans fioritures, changeant agréablement de la violence formatée et télévisuelle qui pollue malheureusement le cinéma français. Car les actes des protagonistes sont totalement gratuits, n'ayant aucun rapport avec une quelconque morale….

C'est bien là la principale réussite du film : aucun personnage pour en racheter un autre. Même le "héros" est un tueur sans scrupule (il abat une femme froidement dès le début) qui n'hésite pas à trahir froidement son nouveau boss. Le casting est assez réussi. Magimel, qui s'est fait la tête et l'allure de Delon dans "Le Samouraî" ( l'imper étant remplacé par une veste de cuir, plus moderne et plus classe, et les lunettes noires, arborées même en pleine nuit, succédant au feutre mou plus trop dans l'air du temps….) est beaucoup moins transparent que d'habitude et se révèle même excellent en tueur à gages ambitieux. Marchal, qu'il soit flic ou voyou, est toujours très bon quand il s'agit d'incarner un personnage qui perd peu à peu les pédales. Mais la vraie révélation du film, c'est l'humoriste Tomer Sisley dans le rôle de Larbi : complètement félé (la séquence où il se déchaîne avec sa mitrailleuse sur une voiture, dans un parking désert, est saisissante), ambitieux et ne connaissant que la loi du plus fort, il s'avère un acteur instinctif et incandescent….

Mais malheureusement le reste de la distribution n'est pas à la hauteur , à commencer par l'exécrable Ludovic Schoenderffer (le frère du réalisateur), complètement à côté de la plaque : cabotinant à outrance, dôté d'une diction insupportable ( particulièrement ridicule lorsq'il balance des "culés !!" à tout bout de champs) et irrémédiablement mauvais.

Reste le cas Phillippe Caubère , sur la corde raide entre cabotinage éhonté et éclairs de génie. Un exemple : son pétage de plombs anthologique dans la boîte de nuit est suivi par une séquence complètement hors de propos où il copule sauvagement avec la copine de son ami (l'actrice est spécialisée dans le film X….) pour se passer les nerfs, avant de lâcher : "ta copine est nulle, c'est une vraie chèvre". Eloquent.

Car c'est là que le bât blesse complètement : le film est d'une rare misogynie. Toutes les femmes présentes à l'écran sont soit des prostituées (toutes belles à damner un sein, soi-dit-en-passant….) soit des épouses soumises et fidèle ( à noter cependant la belle composition de Béatrice Dalle, qui a rarement été aussi juste et émouvante). Même la ravissante et talentueuse Anne Marivin (plutôt cantônnée à la comédie franchouillarde) est gaspillée dans le rôle purement anecdotique de la nouvelle épouse de Marchal. On en arrive à la scène la plus déplaisante du film : ayant découvert la preuve de son infidélité avec son avocat, Marchal (qui lui n'hésite pas à la tromper allègrement), la viole sauvagement dans une scène qui se voudrait sûrement audacieuse et qui n'est au final qu'extrêmement complaisante, démonstrative et surtout très inutile….



D'accord avec Frétyl pour dire que le film s'inspire assez largement de l'oeuvre de Scorsese (drogue qui passe de main en main, violence omniprésente), même si Schoendoerffer ne possède ni la virtuosité ni la maestria de son illustre modèle….

Bilan mitigé pour ce polar donc, aux indéniables qualités et aux défauts évidents, bienvenu et anti-consensuel au possible, mais phagocyté par une vulgarité déplacée et des errements regrettables. Au final un film à demi-réussi mais loin d'être désagréable….. et puis un film qui se termine sur l'image d'un Magimel,qui marche au ralenti dans la rue, chemise ouverte, lunettes noires de rigueur et clope au bec, ayant réussi à échapper à son funeste destin, ne peut pas être complètement mauvais….


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De Impétueux, le 7 juin 2008 à 18:47
Note du film : 4/6

Je ne sais pas si la première volonté de Truands est de copier (infinitif !) les films américains, et je ne le crois pas du tout.

Vous ne trouvez pas qu'on a assez à faire avec les truands français, filmés en France par un Français ???!!!


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