Donc le sang des vierges, qu'Erszébeth va faire couler plus que de raison dans les terres incertaines de cette Europe des grandes plaines qui ne connaît ni frontières naturelles, ni frontières humaines et où d'immenses territoires sont aux mains de grands seigneurs qui ne connaissent pas d'autre loi que leur plaisir. Ah sans doute un siècle et demi auparavant dans les terres civilisées de France, Gilles de Rais a pu, un peu de la même manière, assouvir son goût du sang frais sans encourir durant longtemps le poids de la Justice. Où que l'on soit, l'horreur n'est jamais bien loin.
Le personnage d'Erszébeth, absolument fascinant, a suscité de longue date des adaptations cinématographiques de toute nature depuis Les vampires de Riccardo Freda jusqu'aux Lèvres rouges de Harry Kümel ; j'ai une certaine préférence pour le troisième des Contes immoraux de Walerian Borowczyk où la perversion saphique et sanglante de la comtesse s'affiche sans ambages. En revanche le film de Julie Delpy, tourné avec de beaux moyens et qui offre ici et là quelques belles images, ne prend pas assez parti. Fascination pour le sang, certes, pour la douleur aussi (ambigus épisodes avec le seigneur masochiste Dominik (Sebastian Blomberg), emprise aussi qu'elle exerce sur ses servantes qu'elle conduira jusqu'aux pires horreurs.C'est bien intéressant tout ça ; mais à chaque fois qu'il est question des épouvantes de l'âme humaine, on a toujours l'impression que le réalisateur recule devant l'intensité de l'horreur.
Existe-t-il un seuil où rien n'est permis ?
Je ne demande pas mieux que de croire à cette métamorphose de Julie Delpy. L'histoire de cette serial killer superstitieuse opérant en toute impunité grâce à son rang (après son passage, il fallut changer les lois qui protégeaient l'aristocratie) a en effet de quoi capter l'attention.
Mais cet intérêt historique ne m'empêche pas d'attendre – un peu vaguement, c'est vrai – le film d'horreur espagnol avec Lucia Bosè !
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